Bhagavan MahavirVIR- 24
Les vies authentiques des vingt-quatre Tirthankars
BHAGAVAN MAHAVIR – 24
Les Incarnations passées
Bhagavan Mahavir a été, dans la tradition jaïne, le dernier et le vingt-quatrième Tirthankar de cette ère. Il a eu une personnalité à multiples facettes, hautement développée, et il a scintillé de l’éclat, infiniment intense, d’une âme pure. Toutes les vertus et tous les pouvoirs de son âme ont été complètement éveillés et actifs. Il a eu un pouvoir infini mais, en même temps, une compassion sans borne. Possédant les pouvoirs suprêmes de l’âme, ce fut un être humain invincible, pleinement réalisé et absolument composite.
Mais, les graines de cette grandeur et de cette noblesse avaient été semées dans un lointain passé. Il avait fait une pénitence rigoureuse et il s’était appliqué à l’altruisme et à une profonde méditation au cours de ses nombreuses incarnations antérieures. Sous cet angle, les événements des incarnations passées de cette âme suprême sont très importants et pleins d’inspirations. Le premier événement dans cette suite est connu comme « la première marque de justesse ». Ce fut à partir de la 27 ème naissance avant la dernière de l’âme de Bhagavan Mahavir. L’histoire de cette naissance comme le doyen de village Nayasar est la suivante.
Le premier aperçu de la connaissance juste : Nayasar
Dans sa vingt-septième naissance avant de naître comme Bhagavan Mahavir, cette âme était un doyen de village et un forestier qui travaillait pour le roi Shatrumardhan de la ville de Pratisthan, dans le secteur ouest du Mahavideh. Il avait coutume d’apporter de la forêt tout le bois nécessaire aux constructions. Un jour, à midi, les ouvriers se reposaient après leur déjeuner. Nayasar était assis sous un arbre pour consommer le repas qu’il avait apporté. Avant de commencer à manger, il vit des ascètes qui erraient au pied des collines proches. Il pensa qu’ils cheminaient sans nourriture et sans eau dans le soleil brûlant. Il se dit : s’ils viennent de ce côté, je leur offrirai une partie de mon déjeuner. Je serai récompensé de cet acte simple de servir des hôtes et ma journée aura été fructueuse.
L’innocent Nayasara attendit l’apparition des ascètes. Avec une profonde dévotion il leur offrit sa pure nourriture. Lorsqu’ils se dirigèrent vers la ville, il les accompagna sur une certaine distance pour leur montrer le chemin. Quand s’inclina devant eux pour prendre congé, les ascètes lui firent des sermons sur « la vraie voie, le code de la compassion, la pitié, la simplicité, l’humilité et l’équanimité ». Dévoué et respectueux, Nayasar fut ainsi éclairé et la graine de la vertu (samyaktva) germa dans son esprit. Comme c’est le point de départ de son évolution spirituelle, le moment où son âme perdue dans l’obscurité de l’illusion a eu la première vision de la lumière spirituelle, le compte des incarnations de l’âme qui devint Bhagavan Mahavir commence là.
La troisième naissance : Marichi
Après avoir achevé son âge (l’âge de l’être, suivant le Jaïnisme, est une période déterminée par les actions durant la naissance qui précède immédiatement), l’âme de Nayasar naquit comme un dieu dans le Saudharm Kalpa. Il naquit, ensuite, comme Marichi, le fils du Chakravarti (le souverain des six continents) Bharat, dans la ville d’Ayodhya. Après avoir entendu le premier discours de Bhagavan Rishabhdev, il devint un shramane. Mais, comme il ne put pas supporter les règles ascétiques rigoureuses, il abandonna l’habit de shramane, fit l’assouplissement désiré dans leur rude code de conduite et devint un Tridandi Parivrajak (une catégorie de mendiants). Il commença à garder une ombrelle, et une paire de sabots en bois, et aussi l’habitude de prendre des bains et de s’appliquer des pâtes odorantes, comme la pâte de bois de santal. Toutefois, il pensait que la voie de Rishabhdev était la meilleure, mais il acceptait juste de s’asseoir en dehors du pavillon divin (samavasaran) de Rishabhdev. Lorsqu’on lui demandait pourquoi cet habit étrange, il reconnaissait innocemment sa faiblesse et prêchait aux gens alentours, les invitant à adopter la religion des shramanes.
Un jour, le Chakravarti Bharat demanda à Bhagavan Rishabhdev « Prabho ! Y a t’il un grand être (une grande âme), présent dans cette assemblée, qui deviendra un Tirthankar comme vous ? ». Rishabhdev lui répondit « Bahrat ! En dehors de cette assemblée religieuse se trouve votre fils Marichi, habillé comme un Parivrajak. Après des pénitences et d’autres pratiques, pendant de nombreuses réincarnations, il deviendra le dernier Tirthankar de ce cycle du temps. Durant son passage de Marichi à Mahavir, il naîtra aussi comme Triprishtha Vasudev (le seigneur de trois régions) dans une réincarnation et comme Chakravati Priyamitra dans une autre ».
Entendant ce futur, surprenant et brillant, de l’âme de son Marichi, l’Empereur Bharat éclata de joie. Il alla le voir, fier de cette heureuse nouvelle, et lui dit « Marichi ! Tu es extrêmement chanceux, je te félicite comme le futur Tirthankar ».
Marichi fut comblé de joie, en entendant la prophétie de Bhagavan Rishabhdev. Son bonheur fut sans limite. Mais, en même temps, les pensées de gloire de son clan excitèrent sa vanité. Rempli de fierté, il dit « Comme mon clan est grand et combien est supérieure la famille à laquelle j’appartiens ! Mon grand-père est la premier Tirthankar, mon père le premier Chakravarti, et je deviendrai un Vasudev, un Chakaravarti et enfin le dernier Tirthankar de ce cycle du temps. Comme c’est beau, vraiment ! » Ainsi, Marichi éclata presque de vanité. Doucement, il glissa des hauteurs de l’excellence spirituelle dans le tourbillon de l’égoïsme de la suprématie raciale.
Suivant la tradition Jaïne, Marichi fut le fondateur de l’école Parivrajak. Il avait coutume de dire que les shramanes étaient exempts des déformations de la pensée, de la parole et du corps, mais que les parivrajaks les avaient. Comme tels, ils commencèrent à porter comme symbole un trident. Dans ses derniers jours, Marichi fit du prince Kapil son disciple. Sur ce point de dérive, l’école parivrajak se distança graduellement de l’école shramane.
Vishvabhuti
L’âme de Marichi se changea de la forme humaine en celle de dieu et cela, de nouveau alternativement pendant douze incarnations. Comme être humain, il devint Parivrajak plusieurs fois et il observa de nombreuses austérités. Dans sa sixième réincarnation, il naquit comme prince Vishvabhuti, le neveu du roi Vishvanandi de Rajgrih. Il devint un ascète et fit de dures pénitences, avant de rendre le dernier soupir. Dans sa dix-septième réincarnation, il naquit comme un dieu de forme Mahashakra et, dans la dix-huitième, comme Triprishtha Vasudev.
Vasudev Triprishtha
La reine Mrigavati du roi Prajapati de Potanpur donna naissance à un fils extrêmement vigoureux qui fut appelé Triprishtha.
Prajapati était un roi ordinaire du royaume subalterne de Prativasudev Ashvagriv. Triprishtha était un très brave et valeureux jeune homme. Lorsque la renommée de ses pouvoirs et de sa force vinrent jusqu’à Ashvagriv, il devint craintif et demanda à son astrologue comment il finirait. L’astrologue dit « L’homme qui écrasera votre puissant émissaire, Chandamegh, et qui tuera aussi le lion féroce de la montagne Tunga, sera pour vous le messager de la mort ». Un jour, Ashvagiv envoya Chanda à Potanpur. Comme cet émissaire se conduisait mal, Triprishtha le mit à la porte. Puis, un ordre fut donné à Prajapati « Un lion féroce à créé la dévastation dans la région de Shali. Allez immédiatement là-bas et protégez les fermiers de ce lion ». Alors que Prajapati se préparait à partir, le prince Triprishtha lui demanda « Père ! Maintenant que mon frère et moi sommes capables, vous n’avez pas besoin de vous déranger pour cette expédition insignifiante. Vos fils peuvent facilement prendre soin de cette petite bête ».
Triprishtha et son frère aîné Baldev Achal Kumar se rendirent dans cette forêt et demandèrent à la population locale où se trouvait le lion. Comme indiqué, ils allèrent vers sa tanière. Dérangé par le bruit des villageois, le lion sortit et chargea les princes. Voyant le lion approcher, Triprishtha pensa « La créature est seule à se déplacer avec ses pieds, pourquoi ai-je besoin de mes gardes du corps et de mon char ? Puisqu’il ne porte aucune arme, pourquoi le devrais-je ? Je vais faire face à lui seul et à mains nues ». Il descendit du char, jeta ses armes et combattit seul à mains nues le féroce mangeur d’hommes. A la fin , il saisit les mâchoires de la bête et les déchira de part et d’autre. Le conducteur du char du prince vint près du lion qui se tordait de douleur, dit quelques mots de sympathie et couvrit ses blessures avec des herbes médicinales. Les dernier moments de la bête devinrent paisibles. Cet acte inspira un sentiment d’affection pour le conducteur du char, dans l’esprit du lion mourant.
Lorsque ce conducteur se réincarna comme Indrabhuiti Gautam, le disciple principal de Bhagavan Mahavir, le lion naquit comme fermier. Quand ce fermier vit Gautam, il fut rempli de sentiments de peur et de vengeance. Bhagavan Mahavir lui révéla alors la cause de ces sentiments dormants, en narrant l’histoire de sa vie antérieure.
Le prince Triprishtha vainquit le mauvais roi, Prativasudev Ashvagriv, et établit son propre empire sur trois continents. Il devint le premier Vasudev de ce cycle du temps.
Du plomb dans les oreilles
Une fois, Vasudev écoutait un concert dans son assemblée. Lorsque ses paupières devinrent lourdes de sommeil, il dit à son chambellan « Lorsque je dormirai, arrêtez le programme ! ».
Après quelques minutes, Vasudev ferma les yeux et commença à dormir. Tout le monde présent était absorbé par la musique cadencée. Le concert continua dans la nuit. Soudain, Vasudev se réveilla. Lorsqu’il entendit que la musique continuait, il devint cramoisi de colère et cria à son chambellan « Pourquoi la musique n’a t’elle pas encore été arrêtée ? » Les mains jointes celui-ci répondit « Chacun était perdu dans les vagues grisantes de la mélodieuse musique. Pardonnez-moi, Sire ! Moi aussi j’étais perdu ». La négligence dans le suivi de ses instructions s’ajouta au feu de la colère de Vasudev. Dirigeant son ire contre son aide négligent, il dit « Coulez du plomb fondu dans les oreilles de ce fan de musique ! Qu’il comprenne les conséquences d’ignorer les instructions de son maître eu égard à son amour pour la musique ! ». L’ordre de Vasudev fut suivi. Se tordant dans une souffrance extrême et intolérable, le chambellan mourut sur le champ.
L’âme sous la forme de Vasudev accumula l’asservissement des karmas qui ternissent, en raison de son attitude extrêmement cruelle. Il eut à en supporter le résultat atroce sous la forme et la vie de Mahavir. Le chambellan se réincarna en un fermier et fit rentrer ses ongles dans les oreilles de Mahavir, lorsqu’il faisait pénitence comme shramane. En raison de son intoxication du pouvoir, de sa passion de grandeur et de sa cruauté d’attitude, Vasudev renaquit dans le septième enfer. Dans sa vingt-et-unième réincarnation, il devint un lion ; dans sa vingt-deuxième, il retourna dans le quatrième enfer. Il renaquit ensuite comme Chakravarti Priyamitra, dans sa vingt-troisième naissance.
La bonne direction : le Chakravarti Priyamitra
Après avoir vu de nombreux rêves favorables, la reine épouse de Dhananjay, le gouverneur de Mukanagiri, donna naissance à un fils. Il s’appelait Priyamitra. En raison de ses karmas vertueux et de sa bravoure, il conquit les six continents, devint un Chakravarti et jouit de tous les plaisirs et de la grandeur qui conviennent à un Chakravarti. A la fin, il devint détaché et même un shramane, en recevant la diksha (l’acte officiel de renoncement au style de vie dans le monde) de Pottilacharya. Pendant environs dix millions d’années, il servit son guru, étudia et médita sur les écritures et fit une multitude d’austères pénitences. Ainsi, il continuait à balayer les karmas qui ternissent, acquis durant ses vies antérieures. Après sa mort, il se réincarna comme un dieu dans le Mahashukra Kalpa et, dans sa réincarnation suivante, comme le fils du roi Jitshatru de Chhatranagari.
Les pratiques austères : Nandan Muni
La vie du prince Nandan (le fils du roi Jitshatru) fut comme une fleur de lotus dans le marais des passions et des frivolités mondaines. L’attrait de la beauté et de l’amour des belles jeunes filles ne le détournèrent pas de sa quête spirituelle. Finalement, il devint un disciple de Pottilacharya. Devenu ascète, il commença à purifier son âme par le feu de la pénitence. Il entreprit la dure pratique de la pénitence à vingt degrés, comprenant : la discipline, la pénitence, la dévotion à l’Arihant, le service aux ascètes et autres actes purificateurs. Comme résultat de ces pratiques, il gagna le Tirthankar-nam-et-gotra-karma (le karma qui allait faire de lui un Tirthankar dans sa future naissance). Il passa environs cent mille ans comme shramane dans une discipline parfaite. Durant cette période, il fit cent soixante mille un mois de jeûnes et mourut pour devenir un austère Pranat Pushpottar Viman (une forme de dieu spéciale). Ce fut la naissance qui précéda sa réincarnation comme Mahavir.
SA VIE DE LAÏC
La situation avant sa naissance comme Mahavir
Il y a environs 2594 ans (599 avant notre ère), dans la région orientale de l’Inde, une brillante source de lumière spirituelle se leva. Il devint célèbre sous le nom de Vardhaman Mahavir.
Du temps de Bhagavan Parshvanat, le système féodal de gouvernement prévalait en Inde, mais les débuts du système démocratique avaient commencé à se manifester sur la scène politique, avec l’apparition de républiques locales. Après son nirvana, les républiques commencèrent à s’étendre et Vaishali émergea comme la capitale d’une fédération de petites républiques. Le Maharaj Chetak, un loyal fidèle de la tradition de Parshva, était le président de la république de Vaishali et de la fédération.
En bordure nord du Gange, un grand et puissant groupe de kshatriyas Licchavis préférait le système démocratique. Les six clans proéminents qui formaient cette république étaient : Ugra, Bhog, Rajanya Ikshvaku, Licchavi, Jnat et Kaurav. Neuf chefs les représentaient.
Une autre union s’appelait Malla. Elle était divisée en deux parties : nord-ouest et sud-est. La ville capitale du nord-est était Kushinara, celle du sud-est Pava. Les neuf chefs de la fédération des républiques Mallas étaient aussi de loyaux supporters du système démocratique. Neuf Mallas et neuf Licchavis étaient associés pour former une union au sommet appelée « l’Union des républiques Vajji ». Les Licchavis de la république Vaishali étaient les kshatriyas Suryanvanshi, les descendants de Maryada Purushottam Ram. Avant l’avènement de Bhagavan Mahavir et du Bouddha, ils étaient célèbres sous le nom de Videhas, mais, plus tard, celui de Licchavi devint plus populaire. Toutefois, comme groupe culturel, ils gardaient toujours leur identité comme Videhas. Dans la littérature Jaïne, le Maharaj Chetak est mentionné comme Videgraj et sa sœur Trishala comme Videhdinna. Mahavir a aussi été porté comme Videh Sukumal. Tout cela montre le très haut statut culturel et religieux de l’état du Videh.
La famille royale de Vaishali
Au nord de Vaishali, il y avait un faubourg nommé Kundpur Sannivesh, avec une colonie de brahmanes dans les parties sud. Le chef de ces brahmanes était Rishabhdatta et sa femme Devananda. Bien que riche brahmane et érudit en matière de Vedas et de Vedangas, Rishabhdatta était un dévot de Bhagavan Parshvanath.
Dans les parties nord de Kundpur, il y avait une colonie de kshatriyas du clan Jnat. Cette colonie était connue sous le nom de « Kshatriya Kundpur ». Siddharth en était le chef. En raison de sa grande valeur et de sa richesse, on l’appelait respectivement Raja ou Narendra. C’était un membre hautement influent de la république de Vaishali.
Trishala, la sœur du président Chetak de Vaishali, était mariée à Siddharth. Elle était aussi connue sous le nom de Videhdinna et de Priyakarini. Le fils aîné de Chetak, Simhabhadra, était commandant en chef de l’armée de la République Vajji. Le Maharaj Chetak avait sept filles : Chelana – reine du roi Bimbsar Shrenik du Magadh, Shiva – reine du roi Chandrapradyaot de l’Avanti, Mrigavati – reine du roi Shatanik de Kaushambi, Padmavati – reine du roi Dhadhivahan de Champa ( la mère de Chandanbala), Prabhavati – reine du roi Udayan (Udayi) du Sindhu-Sauvir, Jyeshtha – la femme du prince Nandivardhan, le frère aîné de Bhagavan Mahavir, et Sujyeshtha, non mariée, qui devint une ascète dans l’organisation de Mahavir.
Ajatshatru (Kunik), le célèbre guerrier dans la littérature Jaïne et Bouddhiste, et le roi Udayan de Vats étaient les petits-fils du Maharaj Chetak.
Les rêves prémonitoires
Une nuit, la reine Trishala était entrain de dormir dans son lit doux et confortable. Soudain, elle rêva de choses favorables et se leva remplie d’une joie et d’un ravissement jusque là non ressentis.
Elle sortit du lit, s’assit sur une chaise et médita « Tant de choses divines et favorables ensemble dans mon rêve ! J’ai eu, pour la première fois dans ma vie, un rêve vraiment étonnant, qu’est-ce qu’il indique ? Sûrement quelque avantage dans un futur proche ? » Elle alla voir le roi Siddharth et lui raconta ses rêves. Le roi sauta de joie et dit « Devi ! Vos rêves sont généreux. Nous allons avoir richesse, plaisirs, bonheur et un fils. Nous aurons aussi des gains territoriaux. L’interprétation de ces rêves indique que le fils qui naîtra de vous sera l’incarnation combinée de toutes les choses et de tous les signes vertueux qui existent sur la terre. (Dans les écritures comme l’Acharang et le Kalpasutra il est mentionné que la descente de l’âme qui était Mahavir le fut, à l’origine, dans le sein de la bhramani Devananda. Le fœtus fut ensuite transplanté dans le sein de la kshatryani Trishala par le dieu Harinaigamehsi sur les instructions de Shakrendra).
Après leurs activités matinales, le Maharaj Siddhart et la reine Trishala allèrent s’asseoir dans la salle d’audience. Son jeune frère, Suparshva, sa femme et d’autres membres de la famille royale s’assirent aussi près d’eux.
De célèbres lecteurs de rêves de Vaishali arrivèrent dans la salle. Le Maharaj Siddharth et la reine Trishala les accueillirent avec huit savants augures et leur offrirent de hauts sièges. Le roi leur dit « Savants augures ! La nuit dernière, sur le début du matin, Priyakarini, Videhdinna Devi Trishala a fait 14 rêves favorables. Je vous en prie, interprétez ces rêves sur la base de votre connaissance et de votre science en matière de présages et satisfaites notre curiosité à tous ! »
Les augures firent une liste des détails des rêves de Devi Trishala et furent remplis de joie. Réfléchissant sur chacun, ils interprétèrent ces rêves comme suit :
« Oh ! Roi des rois ! Maharaj Siddharth ! D’après la science des rêves il y en a eu 72 de favorables. Sur ceux-ci, 42 indiquaient des avantages ordinaires et les 32 autres de grands avantages. Ceux que l’heureuse Devi Trishala a vus sont les quatorze grands rêves qui indiquent des gains extrêmement favorables et divins dans un futur proche. D’après ces rêves, Devi Trishala donnera naissance à un fils qui deviendra un Chakravarti, mais …Maharaj ! suivant les écritures, il y a déjà eu 12 Chakravartis, le nombre prescrit pour ce cycle du temps. Cependant, un Dharm-Chakravarti (Empereur en religion) est encore à naître. Comme tels, tous les signes et les circonstances montrent que votre fils, bienfaiteur de l’humanité, sera un Dharm-Chakravarti ! »
Le roi Siddharth récompensa largement les lecteurs de rêves et les renvoya chez eux avec l’honneur qui leur était dû.
La naissance favorable
C’était le printemps et la nature était remplie de fleurs. L’atmosphère était propre et pure. Une douce et odorante brise dispensait partout la joie. Dans la quiétude silencieuse de minuit, le ciel était fluorescent avec une clarté de lune laiteuse. La date favorable était le treizième jour de la moitié brillante du mois de « chaitra » (mars/avril) la lune étant en conjonction avec Uttaraphalguni Nakshatra (maison lunaire), le signe de la victoire. A ce moment favorable, la reine Trishala donna naissance à un enfant divin.
Cet enfant était l’incarnation de la lumière divine. Aussitôt né, le monde fut rempli d’une lumière rayonnante. Elle apparut comme si, pour la contempler, même les aveugles avaient le bonheur d’avoir des yeux. Cette lumière pénétra même la dense obscurité oppressante de l’enfer. Les êtres infernaux oublièrent leurs souffrances. Les querelles, les combats et les batailles cessèrent. Ceux qui souffraient toute leur vie de faim et de soif éprouvèrent un divin sentiment de satisfaction. Partout alentours une brise fraîche et parfumée commença à souffler. Les malades chroniques se sentirent guéris. Les ennemis naturels eurent aussi un sursaut d’amour et de mutuelle bienveillance. Les trois mondes (le ciel, la terre et l’enfer) furent remplis de vagues de bonheur. Avec la naissance de l’enfant, l’atmosphère entière subit un étrange changement, pendant un certain temps. Entendant la nouvelle de la naissance de Bhagavan Mahavir, tous les habitants des demeures célestes dansèrent de joie. Le premier de tous, le roi des dieux, Shakrendra, vint s’incliner devant Bhagavan Mahavir et fit trois fois le tour de mère Trishala. Tous les dieux, les déesses et les dieux inférieurs (Gandharva, Kinner, etc.) chantèrent, dansèrent et célébrèrent la naissance du Tirthankar avec gaieté.
Suivant le « Kalpasutra », la nuit de la naissance de l’enfant, 56 divines vierges de toutes les directions (Disha Kumaris) effectuèrent, tout d’abord, la première toilette et les autres travaux nécessaires. Shakrendra et d’autres dieux prirent ensuite l’enfant au sommet du mont Meru et lui donnèrent le premier bain et les premiers onguents. Ils chantèrent des hymnes en l’honneur de la divine naissance.
Le soir, une jeune fille nommée Priyamvada accourut auprès du roi Siddharth et annonça «Félicitations, Sire ! Nombreuses félicitations ! La reine Trishala a donné naissance à un garçon ».
Rempli de joie et de bonheur, le roi ôta tous les ornements de son corps, excepté l’emblème d’état qu’il donna à Priyamvada. Il l’affranchit, aussi, de son esclavage. Ainsi, une esclave fut libérée de sa longue vie de servitude juste parce qu’elle était la porteuse de la bonne nouvelle de la naissance du Tirthankar.
Etranges célébrations
Le roi Siddharth appela son premier ministre et lui dit « Dites à l’officier chargé des célébrations d’organiser une cérémonie de naissance spéciale et unique ! »
Après que le roi eut donné cet ordre, toutes les grandes voies, les routes et les chemins dans la ville de Kshatriyakund furent nettoyés, de l’eau parfumée fut répandue et des drapeaux, des guirlandes et des feuilles largement mis partout. Des bonbons et des cadeaux furent distribués. Les gens dansaient de joie. Toute la ville résonnait de chants heureux et de musique.
Le Maharaj Siddharth eut une inspiration. Il appela le premier ministre et lui dit « Les célébrations de la naissance d’un enfant dans la famille royale font partie d’une tradition. Cependant, à cette occasion particulière, je veux quelque chose de nouveau, quelque chose d’unique ».
Le ministre proposa humblement « Sire ! Exprimez votre souhait et il sera réalisé comme un ordre ».
Le roi dit « Aujourd’hui, annoncez une amnistie générale. Libérez tous les prisonniers ; radiez toutes les dettes ; distribuez de l’argent à ceux qui sont dans le besoin ; accordez cinquante pour cent de subvention à tous les achats chez tous les marchands ; ouvrez des centres de distribution de nourriture et de vêtements pour les pauvres, les vieux et les invalides ; et libérez tous les esclaves âgés et malades. Que les habitants se joignent aux célébrations exempts de misère, de faim et d’asservissement ! ».
L’ordre du roi Siddharth fut exécuté. Les célébrations durèrent pendant dix jours, avec un enthousiasme sans précédent. Les gens acclamaient l’évènement et murmuraient « Quelque grande âme divine est descendue sur la terre pour libérer le monde de la souffrance et de la misère ».
Lorsque les cérémonies de la dation du nom approchèrent, le roi Siddharth dit à Devi Trishala « Devi ! Il y a eu une augmentation continue de notre richesse, de notre pouvoir et de notre bonheur. Aussi, je pense que nous devrions appeler l’enfant « Vardhaman » (toujours croissant) ».
La reine Trishala répondit avec joie « Maharaj ! Vous êtes absolument correct. Cet enfant augmentera certainement notre développement partout alentours ».
Vardhaman : le nom
Le douzième jour après la naissance de l’enfant, le roi Siddharth organisa une grande fête et invita tous ses parents et amis. Après les repas et les autres faveurs d’état, le roi Siddharth dit aux invités « Depuis le jour où cet enfant a été conçu, notre famille a été honorée d’une bienveillance, d’un respect, d’une richesse et d’une affection mutuelle croissants. L’argent, l’or et les pierres précieuses ont augmenté dans notre trésor. Le peuple a gagné la santé, la paix, le bonheur et la bienveillance. Ainsi, depuis le moment où cette âme est descendue, il y a eu un accroissement constant de notre gloire, de notre richesse, de notre santé et de notre renommée. Aussi, moi et Devi Trishala avons pensé au nom qui convient bien à cet enfant : « Vardhaman ».
La suggestion du roi Siddharth fut unanimement approuvée et l’enfant fut officiellement nommé « Vardhaman ».
Le courageux Vardhaman
Un jour, Shakrendra déclara, alors qu’il se trouvait dans l’assemblée des dieux, « Il n’existe pas de personne plus brave, courageuse et forte que le prince Vardhaman ! » Vanter le courage d’un garçon de huit ans dans l’assemblée des dieux était une chose étrange. Un dieu sceptique dit en plaisantant que Shakrendra exagérait. Il proposa de tester le prince.
Vardhaman était entrain de jouer avec des enfants de son âge dans la jungle Jnatkhand. Le jeu consistait à courir jusqu’ à un arbre pris pour cible, à grimper dessus et à revenir. Le premier qui toucherait le sol serait le vainqueur.
Vardhaman fit la course et fut le premier à monter à l’arbre. Juste à ce moment-là, les garçons qui étaient sur le sol virent un cobra féroce ramper et monter autour du tronc de l’arbre en sifflant, son capuchon dressé. Les garçons tremblant de peur s’enfuirent. D’une distance sûre ils crièrent « Vardhaman, ne descend pas ! Il y a un serpent noir sur le tronc de l’arbre ».
Vardhaman, sur la descente, vit le serpent et entendit l’appel de ses amis. Il cria « Restez tranquilles et ne soyez pas effrayés ! : » Il sauta du haut de l’arbre. Le serpent le suivit en sifflant et sauta sur lui. Avec une étonnante agilité, le prince prit le serpent par son capuchon et, en le secouant, le jeta au loin comme un morceau de corde.
Après cela, les garçons commencèrent un autre jeu s’appelant tindushak. Il s’agissait encore de courir jusqu’à un arbre donné. Le vainqueur devait monter sur le dos des perdants et retourner à la base. Le dieu qui était venu pour tester Vardhaman se joignit au groupe, sous le déguisement d’un garçon. Dans le jeu, lorsque Vardhaman eut gagné, le dieu le mit sur son dos et partit rejoindre la base. En chemin, il se transforma en un géant et, avec le prince sur le dos, il vola dans le ciel. Les garçons crièrent de peur. Vardhaman, aucunement intimidé, frappa le géant avec son poing puissant. Le dieu cria de souffrance et atterrit sur le sol. Vardhaman sauta de son dos. Le coupable disparut et, à sa place, apparut un dieu qui demanda pardon à Vardhaman.
L’épreuve à l’école par Indra
Quand Vardhaman entra dans sa neuvième année, ses parents pensèrent qu’il était temps de donner une éducation martiale et normale adaptée à un garçon kshatriya comme lui. Ils décidèrent de l’envoyer à l’école.
Lorsqu’il arriva à l’école, Vardhaman présenta ses respects au maître, comme n’importe quel écolier. Bien qu’il ait toute la connaissance du monde, depuis sa naissance, en présentant le respect à son maître il honorait les idéaux traditionnels ancestraux. Le maître lui donna la première leçon sur l’alphabet. Vardhaman écouta en silence. Après quelque temps, le maître l’appela et lui demanda « Prince ! Vous n’ êtes qu’un paresseux ! Pourquoi ne répétez-vous pas le leçon et ne la mémorisez-vous pas ? » En réponse, Vardhaman récita tout l’alphabet. Le maître fut surpris.
Alors qu’il essayait de comprendre le capacité surprenante du petit garçon, un vieux brahmane, avec un tilak sur le front, entra dans l’école. Le maître le salua et lui offrit un siège. Le brahmane posa quelques questions difficiles de grammaire. Le maître ne put répondre et resta silencieux le regard vers le bas de dégoût. Le brahmane se mit à rire et dit « Acharya ! S’il vous plaît, ne vous tracassez pas ! Peut-être que ce nouvel étudiant résoudra le problème. Si vous le permettez, je peux lui demander ? »
Le maître consentit et le vieux brahmane posa les questions difficiles à Vardhaman. Celui-ci, sans hésiter, donna les réponses correctes et appropriées. Le maître regarda abasourdi le petit garçon. Le brahmane rit et dit « Acharya ! Ne vous sentez pas insulté. Vous n’êtes pas informé que le soleil de la connaissance de ette ère est présent devant vous comme prince Vardhaman. C’est le futur Bhagavan Mahavir, l’omniscient ! »
On pense qu’ Indra écrivit ses questions et les réponses de Vardhaman dans un livre appelé « Aindra Vyadaran » (la grammaire d’Indra).
Sa famille
Le clan Jnat, auquel le roi Siddharth appartenait, était le même que le clan Ikshvaku dont faisait partie Bhagavan Rishabhdev. Siddharth et Rishabhdev appartenaient aussi tous les deux à la famille Kashyap. C’est un sujet de fierté pour le clan Ikshvaku et la famille Kashyap que 22 Tirthankars soient sortis de la même famille.
Devi Trishala était la sœur de Cetak, le président de la république de Vaishali. Du fait de son lien paternel avec l’aire Videh, elle était aussi connue comme Videhadatta (dinna) ; son troisième nom était Priyakarini.
L’oncle de Vardhaman ou le jeune frère du roi Siddharth était Suparshva. Le fils aîné de Siddharth était Nandivardhan. La femme de ce dernier s’appelait Jyeshtha.
Vardhaman avait, aussi, une sœur nommée Sudarshana. Quand et avec qui Sudarshana se maria t’elle ? Cela n’est mentionné nulle part. Toutefois, son fils Jamali fut un personnage célèbre.
Bien qu’entouré d’ une richesse et d’une grandeur illimitées, l’esprit et l’attitude du prince Vardhaman étaient complètement détachés et purifiés par le feu de la discipline. Il était comme une fleur de lotus dans un étang. Le pouvoir et la gloire du royaume ne l’attirèrent jamais. Même son mariage avec Yashoda, la fille du prince Samarvir, fut dû à la persuasion affectionnée et à la pression de ses parents. Yashoda donna naissance à une fille qui fut appelée Priyadarshana. Le prince Jamali se maria avec elle. Selon l’ « Acharanga Sutra », trois noms de Vardhaman devinrent très célèbres :1. Vardhaman -le nom donné par ses parents, 2. Saman – ce nom Saman ou Shraman indique son intellect naturel sans tâche, 3. Mahavir-celui-ci indique sa bravoure, son courage et sa tolérance. Ce nom-là lui a été donné par les dieux.
Un autre de ses noms était Sanmati. En raison de la pureté de ses pensées, il devint aussi célèbre sous ce nom. D’autres appellations, trouvées dans la littérature canonique, sont les suivantes : Jnatputra, Vaishlik, Vir, Ativir, Antya, Kashyap, etc.
La mort de ses parents
Détaché de toutes les activités du monde, et désireux de devenir un ascète pour poursuivre le but spirituel, Mahavir gardait le sujet en attente, du fait de sa résolution antérieure. « Aussi longtemps que mes parents sont en vie, je ne dois pas penser à recevoir la diksha ! » se disait-il.
Lorsqu’il eut 28 ans, ses parents firent le dernier vœu de méditation continue sans s’alimenter. Ils purifièrent graduellement leurs âmes et ils abandonnèrent leurs corps mortels, avec un esprit serein. Après leur mort, Mahavir dit à son frère aîné, maintenant roi Nandivardhan, : « Ma décision de devenir un ascète est prise ! ». Celui-ci lui répondit d’une voix choquée « Prince ! La perte des parents suivie par votre renoncement ? Comment pourrai-je être capable de supporter ces chocs en même temps ? Honorez mon désir et retardez votre projet de deux ans ».
Vardhaman accepta la demande de son frère aîné et attendit deux ans de plus. Mais, durant cette période, il vivait comme un ascète. Effectuant des pratiques spirituelles, avec la discipline qui convient, il se préparait à son renoncement imminent.
Sachant sa résolution de renoncement, les dieux du bord de l’univers arrivèrent et firent aboutir sa demande « Oh ! Bienfaiteur du monde ! Votre résolution est grande. S’il vous plaît, avancez sur la voie du renoncement et propagez la religion, pour le bien-être du monde ! »
Le prince Vardhaman fit la charité trois heures par jour, pendant un an. Riche ou pauvre, quiconque venait le voir était récompensé par ce qu’il désirait. A la fin d’un an, Vardhaman était prêt pour le renoncement.
SA VIE COMME ASCETE
Le grand renoncement
C’était le dixième jour de la quinzaine sombre du mois de Margshirsh (Novembre/Décembre). Le prince Vardhaman avait observé un jeûne rituel de deux jours. Un palanquin nommé Chandraprabh fut préparé pour ce grand renoncement. Dans l’après-midi, Vardhaman sortit du palais et monta dans le palanquin. La procession alla au jardin Jnatkhand, au nord-est de Kshatriyakund. Le palanquin fut placé près d’un arbre ashok. Vardhaman en descendit. Des milliers d’yeux regardaient fixement le prince. Son corps doré était paré d’une belle robe et d’ornements scintillants. Aussitôt après qu’il eut ôté tous ses ornements et sa robe, la seule couverture de son corps fut un morceau de tissu, posé sur ses épaules, fourni par Indra. Vardhaman s’arracha les cheveux en cinq poignées. Indra recueillit sa robe, ses ornements et ses cheveux dans un vase en or.
Après cela, Vardhaman dit d’une voix résonnant profondément « Namo Siddhanam ! « ( Je m’incline devant les Siddhas ou les âmes libérées). Puis, il fit le vœu de vie ascétique :« Je fais le vœu de pratiquer l’équanimité, tout le long de ma vie, et d’abandonner toutes les activités mauvaises intentionnelles ! »
Bhagavan Mahavir, en faisant ce vœu rigoureux, dit sa résolution « Dans ma vie ascétique, je resterai dans l’ équanimité en toutes situations et circonstances. Je supporterai toutes les afflictions pénibles causées par un homme, un dieu, un démon ou un animal quelque soit leur caractère redoutable. Aussi longtemps que je n’atteindrai pas l’omniscience, je continuerai à marcher sur la voie pavée du feu de la pureté, avec des pas résolus et fermes ». Une vague de respect partit, des milliers de têtes s’inclinèrent avec vénération, et des milliers de gorges dirent, à l’unisson, « Victoire au shramane Mahavir ! ».
La suppression de la pauvreté
Après l’austère vœu, le mahashramane acquit la « manahparyav jnan » qui lui permit de percevoir les sentiments et les pensées de tous les êtres. Son cœur fut rempli d’équanimité et de compassion. Son visage rayonna d’un sourire spontané. Il marcha avec d’un pas ferme et assuré vers la jungle, sans détours et sans hésiter.
Soudainement, il y eut un faible appel derrière lui. L’appel d’une souffrance remplit son cœur et retarda son mouvement. Un brahmane faible et nerveux, se déplaçant d’un bon pas avec l’aide d’une canne, arriva et tomba à ses pieds. Des larmes coulaient de ses yeux et il y avait une souffrance expressive sur son visage pitoyable. Il dit humblement « Prince Vardhaman ! Je vous en prie, soyez bon, libérez-moi ; donnez-moi quelque chose ; ôtez ma pauvreté ! ».
Le shramane Mahavir s’aperçut que le vieil homme était Som Sharma de Brahmankund. Pendant longtemps, auparavant, il avait coutume d’aller à la cour du roi Siddharth. Le roi charitable lui accordait toute son aide en lui donnant ce dont il avait besoin. Il était heureux alors, mais on ne l’avait plus revu après la mort du roi.
Som Sharma dit « Prince ! J’ai errai alentours, d’un état à l’autre, après la mort du roi Siddharth, mon mentor. Chaque fois, mon infortune m’a suivi. Après deux ans d’errance en vain, je suis retourné à la maison, ce matin. A mon retour, les membres de ma famille m’ont informé de votre longue charité pendant un an. Chacun a reçu ce qu’il désirait, mais, moi, frappé par le destin mauvais, je n’ai rien eu de vos mains charitables. Prince ! Dès que je suis revenu à la maison, j’ai appris qu’abandonnant tout, vous êtes devenu aujourd’hui un ascète.
Prince Vardhaman ! Ayez pitié de ce pauvre indigent. Ôtez ma pauvreté de vos mains secourables ! »
Mahavir était rempli de compassion mais, aujourd’hui, il n’avait rien à donner. Il pensa soudain au tissu divin sur son épaule. Il le déchira en deux parties et en donna une au brahmane. Celui-ci fut rempli de joie. Il porta ce morceau de tissu chez un raccommodeur et lui demanda sa valeur. Le raccommodeur lui dit « Brahmane ! comment avez-vous eu ce tissu divin ? Ce n’est que la partie d’un tout. Si vous pouviez m’apporter l’autre morceau, je le raccommoderai avec l’original, et vous pourriez le vendre pour cent mille pièces d’or ».
Le cupide brahmane retourna auprès de Mahavir et le suivit partout où il allait . Après environs un an, le morceau de tissu divin qui restait sur l’épaule de Mahavir tomba. Som Shatma la ramassa, le fit raccommoder, et la vendit au roi Nandivardhan pour cent mille pièces d’or.
La période des pratiques. Les afflictions. Le rejet de l’aide divine
Le jour qui suivit son renoncement, Mahavir quitta le jardin Jnatkhand. Au coucher du soleil, il arriva près d’un petit village appelé Kurmargram (identifié aujourd’hui comme Kaman Chhapra). Il s’arrêta sous un arbre et, se tenant debout tranquille comme un roc, il commença sa méditation. Après quelque temps, un vacher arriva là avec ses bœufs. Il désirait aller au village pour faire son travail de traite des vaches. Il s’approcha du shramane qui méditait et lui dit « Ascète ! S’il vous plait ! Gardez mes bœufs pendant que je vais au village traire les vaches. Je retournerai bientôt ». Sans attendre la réponse, le vacher s’en alla. Les bœufs non attachés et non surveillés s’écartèrent dans la jungle proche. A son retour, le vacher ne les trouva pas. Il demanda « Ascète ! Où sont mes bœufs ? ». Mahavir resta silencieux. Le vacher grommela et commença à regarder autour. Il chercha toute la nuit en vain. Les bœufs, pendant ce temps là, étaient revenus et s’étaient couchés près de Mahavir. Quand le vacher épuisé revint, le matin, il vit la scène et perdit patience. Il prit Mahavir pour un voleur déguisé qu’il venait de prendre, juste avant qu’il s’enfuisse, avec les bœufs qu’il devait avoir caché durant la nuit. Sans perdre une seconde, il commença à frapper Mahavir avec la corde qu’il portait pour attacher les bœufs. La dure corde sisal laissa de grandes traces brûlantes sur le corps nu de Mahavir. Cette souffrance atroce n’arriva même pas à le distraire de sa méditation.
Juste à ce moment, une imposante personne divine apparut et dit, d’une voix de commandement : « Arrêtez, ! Vous idiot ignorant! Vous êtes entrain de commettre un grave crime. Cette personne n’est pas un voleur. C’est le fils du roi Siddharth. C’est le shramane Mahavir, un grand yogi et un ascète méditant ». Le vacher tomba prostré aux pieds de Mahavir et, se repentant de son ignorance, mendia son pardon. La personne qui avait interféré n’était autre que le roi des dieux, Indra. Il s’inclina devant le mahashramane. Troublé par les marques enflammées sur le corps de Mahavir, il dit « Prabhu ! Ces gens ignorants continueront à vous faire souffrir en raison de leur folie. S’il vous plaît ! Permettez-moi d’être à vos côtés pour assurer votre protection ! » Mahavir répondit en toute humilité :« Devraj ! Vous devez savoir qu’un ascète sur la voie spirituelle atteint le but de la pureté à l’aide de sa pratique, de son courage et de sa discipline. Ce n’est jamais avec l’aide du roi des dieux ou du roi des démons qu’une âme efface tous ses karmas et devient un Arhant ou libéré ». Plein de respect et de louange, le roi des dieux s’inclina devant le shramane Mahavir et partit.
Les afflictions par Shulpani
En errant, Mahavir arriva, un jour, près d’un petit village abandonné, sur les bords de la rivière Vegvati. En dehors du village, sur une petit colline, se trouvait un temple entouré de monceaux dispersés d’os et de squelettes. Considérant que c’était là un lieu approprié pour ses pratiques, Mahavir demanda la permission aux villageois. Ceux-ci l’informèrent que ce village abandonné était autrefois une ville prospère. Le féroce démon maniant une lance, Shulpani Yaksha, qui danse et rit sur des tas d’os, avait changé ce village en Asthikgram, le village des ossements. Le temple en question était son temple et il ne permettait à personne de rester là. Si par hasard quelqu’un restait, il n’en sortait pas vivant. Les villageois essayèrent de dissuader Mahavir de séjourner en ce lieu mais, il était déterminé à extirper la peur et à semer les graines du courage. Il insista et le soir il était dans le temple, complètement perdu dans sa méditation. Lorsque l’obscurité descendit, l’air se remplit de sons sinistres.
Shulpani, le démon à la lance, apparut dans la cour et commença à faire un bruit de trompette effrayant. Il fut surpris de voir un être humain se tenant debout en méditation, sans peur. Il produisit un grondement de tonnerre qui secoua les frêles murs du temple, mais l’ascète ne bougea pas encore, ni ne le firent la vue d’ atrocités horribles. Un éléphant fou apparut et piqua Mahavir avec ses défenses pointues. Il le leva dans sa trompe et le jeta alentours. Comme cela ne produisait pas d’effet sur Mahavir, un fantôme horrible apparut et l’attaqua avec ses grandes canines et ses griffes. Puis, un serpent noir apparut qui attaqua Mahavir avec ses puissants crochets venimeux et sa respiration toxique. Finalement, il causa une souffrance extrême à six endroits délicats du corps de Mahavir (les yeux, les oreilles, le nez, la tête, les dents, les ongles et le dos). Mahavir avait une capacité sans fin de supporter la souffrance. Même cette extrême calvaire échoua à ébranler la sérénité de sa compassion.
Vidé de toute son énergie démoniaque, Shulpani devint craintif. Il pensa qu’il faisait face à quelque pouvoir divin plus fort que lui, et qu’il courait à sa propre perte. Tout à coup, une lumière spirituelle divine se dirigea pour sa propre destruction. Une lumière spirituelle illumina son soi intérieur. Doucement, sa colère s’atténua, sa peur se dissipa et un sentiment de bienveillance prit le dessus. Il demanda pardon à Mahavir. Ce dernier ouvrit les yeux et faisant preuve d’humilité, levant sa main, dit « Shulpani ! La colère augmente la colère et l’amour engendre l’amour. Si vous ne causez pas de peur, vous serez exempt de toute peur, pour toujours. Aussi, détruisez le poison lierre de la colère ! ».
Mahavir passa son premier séjour durant la mousson à Asathikgram.
L’incarnation de l’amour.
En quittant Asathikgram, Mahavir se dirigea dans la direction de la ville de Shvetambika. Le chemin pour se rendre à cette ville passait par un forêt dense et désolée. Lorsque quelques bergers virent Mahavir entrer dans la forêt, il lui crièrent « Oh ! Moine !Attendez une minute. C’est un chemin dangereux. Il y a un serpent noir avec un regard vénimeux sur ce chemin. Son sifflement et son regard brûlent plantes et arbres. Même les oiseaux volants et les humains sur pied tombent morts. S’il vous plaît ! Laissez ce chemin et prenez une route différente ».
Mahavir entendit cet appel rempli de peur des bergers. Avec un sourire serein, il leva la main comme geste d’assurance. D’un pied ferme, il alla près du trou du serpent. On pouvait voir autour des squelettes d’humains et d’animaux. Il n’y avait pas une seule feuille verte aussi loin que l’œil puisse voir. Près du trou du serpent, se trouvait un temple démoli. Mahavir se tint à l’ombre de ce temple et commença sa méditation.
Après quelque temps, le serpent noir géant sortit de son trou, en sifflant fièrement. Il n’avait pas vu d’ être humain depuis longtemps. L’homme se tenait debout ferme et sans peur avec ses yeux clos. Le serpent fut surpris. Il regarda Mahavir avec ses yeux rouges venimeux. Comme des flammes d’une boule de feu ses yeux empoisonnés émirent des vagues de venin. Il siffla de façon impressionnante, mais tout cla n’avait aucun effet quelconque sur Mahavir. Le serpent était étonné « Jusqu’à ce jour, tout homme que j’ai rencontré a été consumé par mon premier sifflement vénéneux et celui-ci se tient tranquille, absolument impassible ? ».
Le serpent jeta un coup d’œil au soleil, fixa son regard une fois encore sur Mahavir et siffla sur lui avec une colère renouvelée, mais en vain. Il rampa de la ligne de la tombée attendue du corps et, avec toute sa force, enfonça ses crochets dans l’orteil de Mahavir et lui injecta tout son venin. Il se retira un peu et attendit de nouveau avec impatience, mais en vain.
Le serpent en colère, vexé de son échec, piqua Mahavir deux fois à nouveau. Ses trois attaques furent peine perdue. Mahavir resta paisible. Le serpent fut étonné de voir du lait qui suintait au lieu de sang des endroits où il avait mordu l’orteil de Mahavir. Ce dernier resta debout sans bouger. Son visage était rayonnant et ses lèvres arboraient un charmant sourire, comme une rose en fleur. Ses yeux reflétaient sa compassion intérieure.
Le serpent continua à regarder fixement avec surprise. Confus de son échec, il était perdu dans ses pensées.
Concentré dans ses poursuites spirituelles, Mahavir dit avec sa profonde et tranquille voix « Oh ! Chandrakaushik ! Ouvrez vos yeux intérieurs. Soyez calme et rappelez-vous votre vie passée. N’injectez pas de venin dans votre vie ! Elevez-vous au-dessus du poison mortel de la colère ! ».
Mahavir ouvrit ses yeux remplis d’ambroisie. Lorsque le serpent vit son regard, il sentit comme si une vague de paix et de tranquillité avait englouti son soi intérieur. Il apparut que son venin avait doucement disparu. Il était perdu dans de profondes pensées. Sa mémoire dormante commença à se révéler et il acquit la « jatismaran jnan ». Les évènements de ses deux naissances passées firent surface dans sa mémoire. Il comprit qu’il avait souffert de douleurs atroces et de dégradation, en raison de son extrême colère et de son attachement aigu, durant ces naissances. Le feu du repentir fit fondre ses vices.
Son esprit atteignit l’illumination et sa pensée devint tranquille. Il toucha les pieds pieux de Bhagavan Mahavir et décida « Oh ! Seigneur ! Maintenant, je ne regarderai plus personne du tout durant ma vie. Je ne mangerai rien. Je ne boirai pas non plus. Je mettrai juste ma bouche dans le trou et je resterai ainsi allongé tranquille dans l’ombre de vos pieds. Je le veux pour tous mes péchés commis durant mes trois naissances antérieures et pour améliorer la future ».
Sachant que le serpent était devenu inoffensif, une foule de gens commença à arriver des villages proches. Ils vénérèrent le dieu-serpent en lui offrant du lait et des douceurs. Mais le serpent gisait en méditant, gardant son capucon dans son trou, sans la moindre trace de mouvement. Des nuées de fourmis furent attirées par les douceurs. Elles commencèrent à piquer le serpent, mais celui-ci supporta ces afflictions avec équanimité. Il fit en silence le dernier vœu (de la mort par le jeûne) et il supporta l’angoisse de la faim, de la soif et les piqûres des fourmis. Son corps devint presque perforé, mais il ne réagit pas du tout. Après quinze jours, il mourut et il renaquit comme dieu dans la forme Sahasrar.
L’étouffement des flammes
Une fois, quittant Shravasti, le shramane Vardhaman allait au village de Haliddug. Sur le chemin, il vit un grand arbre banyan. Trouvant cela convenable, il se mit dessous et commença sa méditation nocturne. C’était l’hiver et un vent froid soufflait. Gaushalak le suivait. Comme ce dernier ne pouvait pas supporter le vent perçant, il se déplaça de l’autre côté de l’arbre. Après un certain temps, des voyageurs s’arrêtèrent aussi sous l’arbre. Ils ramassèrent du bois sec et commencèrent à allumer un feu pour cuire leur nourriture. Ils passèrent leur nuit là et laissèrent le feu brûler.
Lentement, le feu se répandit et atteignit l’endroit où Mahavir se trouvait. Gaushalak lui cria de faire attention, mais Mahavir n’avait pas vu qu’ils étaient partis tôt le matin en laissant le feu brûler. Lentement, le feu se répandit et il engloutit les brindilles et les feuilles sèches assemblées sous l’arbre. Le vent soufflait dans la direction de Mahavir qui méditait. Le feu atteignit, petit à petit, l’endroit où se trouvait Mahavir. Gaushalak lui cria de faire attention mais il n’avait d’autre conscience que celle pour son âme. Il restait impassible, malgré la chaleur des flammes qui approchaient de lui, occupé à étouffer le feu ultime, le feu de la renaissance. Les flammes l’atteignirent et brûlèrent ses pieds. Même cette souffrance aigûe n’atteignit pas la profondeur de sa tranquillité. Après quelque temps, le feu s’éteignit de lui-même.
La torture par Kalahasti
Quittant le village de Chorak, Mahavir arriva aux faubourgs du village de Kalambuka. Ce village était gouverné par deux frères, Megh et Kalahasti. Bien qu’ils soient propriétaires et chefs de ce vilage, ils étaient impliqués dans des activités illégales, comme le pillage du royaume voisin. Ils attachaient les villageois de ce royaume avec des cordes et ils les torturaient de façon inhumaine. Lorsque l’un d’eux ne pouvait pas tirer d’informations d’eux, il demandait à son frère, Megh, d’effectuer d’autres tortures et d’autres interrogatoires.
Enchaîné comme un criminel, Mahavir fut amené devant Megh qui sentit comme s’il avait vu cette figure connue. Il se rappela soudain qu’une fois il avait vu le prince Vardhaman à la cour du roi Siddharth. L’ espion enchaîné semblait avoir une étrange ressemblance avec le prince. Il s’approcha plus près et reconnut que la personne en question n’était rien d’autre que le prince Vardhaman, qui était devenu un shramane. Il tomba à ses pieds et, avec des larmes du repentir dans ses yeux, il le pria de le pardonner. Lorsqu’il fut libéré, Mahavir poursuivit son voyage.
Parmi les aborigènes
C’était la cinquième année des pratiques de Bhagavan Mahavir. Il allait dans le pays du Radh (ou du Ladh). Cette région était aussi connue comme Vajra Bhumi ou Shubhra Bhumi. Elle était habitée par une population peu abondante et dispersée d’ aborigènes rustiques. Gaushalak suivait encore Mahavir partout où il allait. Les gens de cette région ne connaissaient rien des ascètes et de leurs conditions. Ils furent frappés d’étonnement lorsqu’ils virent une personne nue qui se tenait debout comme une statue dans des lieux aussi perdus. Comme ils n’obtenaient aucune réponse et aucune réaction, en criant sur Mahavir, ils s’ irritèrent et ils le frappèrent avec des bâtons, des lances, des os et des pierres. Le shramane Mahavir supporta avec équanimité toutes ces tortures et continua son avance vers la pureté.
Il errait d’un endroit à un autre et il lui arriva, une fois, de traverser un petit village. Il ne rentrait pas très souvent dans un village pour mendier sa nourriture car, la plupart du temps, il recevait de la nourriture sèche ou qui n’était pas fraîche. Aussi, souvent, il allait sans aucune nourriture. Les gens le regardaient curieusement et des chiens sauvages fondaient sur lui et le mordaient. Pour leur amusement de primitifs, les aborigènes prenaient Mahavir et le jetaient sur le sol. Il passa presque cinq mois dans cette région, durant sa première visite. Une fois encore, durant la neuvième année de ses pratiques ascétiques, il y retourna et il y resta six mois environs.
Le sauvetage de Gaushalak
Une fois, allant de Siddharthpur au village de Kurmar, Mahavir passait dans un forêt dense. Tout à coup, Gaushalak vit un ascète dans une ouverture d’un côté du chemin. En observant plus avant, il vit que cet ermite faisait une étrange pénitence. Il se tenait, face au soleil, la tête tombante et les bras levés. Ses longues méches de cheveux pendaient sur le sol comme les racines d’un veil arbre banyan. En raison de la chaleur des rayons du soleil, de petits insectes, tombant de ses cheveux hirsutes, grouillaient sur le sol. Sans compassion, il les ramassait et les mettait à nouveau dans ses mèches épaisses de cheveux.
Gaushalak ne put contrôler son rire, en voyant cette étrange activité. En se moquant, il dit « Oh ! Demeure d’insectes ! Que pensez-vous que vous faites ? Vous êtes entrain de recueillir des insectes et de considérer que c’est une pénitence ? ». L’ermite resta calme, tout d’abord, mais comme Gaushalak ne s’arrêtait pas de faire des remarques mordantes, il le regarda avec des yeux enflammés et lui dit « Oh ! Personne visiteuse ! Mon nom est Vaisyayan Tapas et je suis la risée de fous ignorants comme vous ». Au lieu de le faire cesser de plaisanter, ce commentaire méprisant entraîna un rire insultant de Gaushalak. L’ermite fit alors quelques pas en arrière et en colère se mit à emmettre du feu de sa bouche (c’est un pouvoir miraculeux appelé « tejoleshya » acquis après une longue et dure pénitence). Immédiatement, une boule de feu se rua sur Gaushalak qui se retira avec peur et courut vers Mahavir en criant de panique « Sire ! Sauvez-moi. Ce Tapas va me brûler ». Atteignant Mahavir, Gaushalak tomba à ses pieds.
Entendant l’appel pathétique de Gaushalak, Mahavir fut ému. En se retournant, il vit la boule de feu qui approchait. Du cœur plein de compassion du shramane Mahavir s’échappa un flot spontané de douce énergie pacificatrice. Lorsque le regard de nactar de Mahavir tomba sur la boule de feu, elle se calma. Le coléreux ermite fut étonné de voir sa boule de feu éteinte. Il reconnut à Mahavir un pouvoir bien plus grand et bienveillant que le sien et lui dit « Pardonnez-moi ! Oh ! Incarnation de bienveillance ! Je ne savais pas que cet homme était votre disciple ! ». Gaushalak fut ainsi sauvé d’une mort imminente. Il demanda à Mahavir « Sire ! Qu’est-ce que dit cette demeure d’insectes ? ». Mahavir répondit « Il allait vous changer en cendres, avec son pouvoir de feu. Vous avez été sauvé par moi, par mon pouvoir pacificateur. Ne dérangez plus personne à l’avenir ! ».
Les tourments par Kataputna
Il y eut un incident, la sixième année de la période des pratiques spirituelles du shramane Mahavir. C’était le mois de Magh (Janvier/Février), au faîte de la saison hivernale. Des vents glaciaux et mordants soufflaient. Durant la partie tranquille de la nuit, dans une jungle solitaire, Mahavir était en méditation. Tout à coup, une sorcière nommée Kataputna vint là. Voyant Mahavir en méditation, elle se mit en colère sans raison apparente.
Mais rien ne se produit sans raison. Il devait bien y avoir quelque antagonisme d’une naissance antérieure. Aussitôt que le sentiment apparut, Kataputna perdit la raison et, pour se venger de quelque acte oublié d’une vie passée, elle commença à torturer Mahavir.
Elle prit la forme d’un géant à l’air inquiétant, Parivrajak, avec de longues mèches de cheveux. Remplissant d’eau glacée ses cheveux tressés elle en aspergea Mahavir. L’atmosphère était remplie du son gémissant des vents glacés et du rire démoniaque de la sorcière. C’était une scène horrible.
Mahavir, complètement élevé dans un très haut royaume spirituel, resta impassible et serein. A la fin, la sorcière accepta sa défaite. Elle s’inclina aux pieds du shramane Mahavir et elle partit. Comme résultat de sa totale absorption dans le soi, et de sa haute pureté d’âme, Mahavir acquit les pouvoirs mentaux spéciaux de percevoir à volonté tout le monde physique.
Dans la prison
Pendant la sixième année de ses pratiques ascétiques, Mahavir vint, un jour, dans le village de Kupiya, dans l’état du Videh, à l’est de Vaishali. Les gardes du village le prirent et pensant que c’était un espion le mirent en prison. Il y avait deux mendiantes dans le village. Lorsqu’elles, Vijay et Pragalbh, apprirent qu’un espion déguisé en ascète nu avait été appréhendé, elles vinrent le voir. Le shramane Mahavir enchaîné était entrain de méditer dans la prison. Les mendiantes le reconnurent et devinrent tristes. Elles s’approchèrent des gardes et leur dirent « Vous vous dites les gardiens de l’état et des gens, et vous ne pouvez pas distinguer un voleur d’un honnête citoyen. Vous ne voyez aucune différence entre un shramane et un fraudeur. Pour votre information, vous êtes entrain de torturer le shramane Mahavir, le fils ascète du roi Siddharth. N’avez-vous pas peur du courroux des dieux ? ».
A cette révélation, les soldats se mirent à trembler. Ils relâchèrent aussitôt Mahavir et lui demandèrent son pardon. Le shramane Mahavir leva la paume de sa main en geste de pardon et d’assurance, et s’en alla pour un autre lieu solitaire.
La torture mortelle de Sangam
Un jour, le shramane Mahavir faisait une méditation spéciale d’une nuit, dans le temple Polash du jardin Pedhal, à l’extérieur du village. Dans cette pratique, on maintient son corps, son mental, son psyché et son âme absolument calmes et tranquilles. Observant ce haut degré d’absorption en méditation, Indra s’exclama « Vous êtes grand, Prabhu Vardhaman ! Aujourd’hui, vous n’avez pas d’égal comme ascète, serein, brave et équanime spiritualiste ». Sangam, un dieu de l’assemblée d’Indra, fut irrité de cette louange d’un être mortel. Il rétorqua « Si Devraj promet de ne pas intervenir, je peux déranger la concentration de Mahavir. C’est un jeu d’enfant pour moi ! ».
Indra resta silencieux, bien que à contrecoeur. Considérant cela comme un accord, Sangam se rendit au temple de Polash, avec tout son pouvoir et toute sa ruse. L’une après l’autre, il créa ving situations presque fatales pour déranger la méditation de Mahavir.
Il créa une tempête de sable terrible et, en un instant, Mahavir fut submergés par un monceau de sable. Dans son inébranlable méditation, celui-ci ne ferma même pas les yeux. Aussitôt que la tempête fut arrêtée, une nuée de fourmis arriva. Le corps de Mahavir en fut recouvert. Elles le piquaient et le mordaient, mais il restait tranquille. Après cela, d’innombrables moustiques attaquèrent le corps de Mahavir. Puis, une attaque de fourmis blanches le transforma en une termitière. Des scorpions marchèrent sur son corps et le dardèrent de piqûres empoisonnées. Ce fut suivi de morsures de mangoustes, de gros cobras et de rats des champs géants.
Après tout cela, apparut un éléphant blanc qui piqua Mahavir avec ses grandes défenses pointues. Cet éléphant le prit dans sa trompe et le lança en l’air. Lorsqu’il retomba sur le sol, il le comprima avec ses pattes. Cela fut suivi par l’attaque d’un fantôme au regard menaçant. Enfin, un tigre blessa Mahavir avec ses talons crochus..
Comme toutes ces afflictions douloureuses échouaient à perturber la méditation de Mahavir, Sangam s’y prit différemment. Il créa une illusion frappante de Siddharth et de Trishala pleurant et gémissant énormément. Cela non plus ne modifia pas la résolution de fer de Mahavir. Il alluma ensuite un feu touchant presque les pieds de Mahavir et commençant à les cuire. Après, il prit la forme d’un oiseau de proie et pendit un certain nombre de cages sur Mahavir. Les oiseaux l’ attaquèrent avec leurs becs et leurs pattes à travers les espaces des cages et du sang suinta de ces nouvelles blessures. Puis, vinrent une tempête, une pluie torrentielle, et une tempête de grêle. Rien ne parvenait à déranger la résolution, dure comme un roc, de Mahavir.
Maintenant, vint un grand tourbillon, soulevant et faisant tournoyer tout ce qu’il y avait sur son passage. Le corps de Mahavir tourbillonna, mais son esprit resta stable. Enfin, Sangam lui-même leva une grande masse et en frappa Mahavir. C’était un lourd coup qui enterra Mahavir jusqu’aux genoux, mais il ne cligna même pas des yeux. Après tous ces tourments physiques, Sagam eut recours à une attaque psychologique. Il arriva dans sa forme divine conduisant un viman ( un véhicule spacial) et dit à Mahavir « Pourquoi souffrez-vous tant et êtes-vous encore sur la terre ? Venez, je vais vous prendre au ciel avec votre corps mortel : » Mahavir ne répondit pas.
Finalement, Sagam produisit des fées peu vêtues qui s’approchèrent de Mahavir et firent onduler leurs corps voluptueux en guise d’invitation. Il créa aussi une atmosphère favorable à la luxure. Mahavir ne changea jamais son regard glacial et son corps resta sans réaction.
Toutes ces vingt afflictions drainèrent l’énergie de Sangam et il se fatigua. D’un autre côté, même après avoir supporté ces pénibles tortures, Mahavir restait de plomb dans son état élevé de méditation.
Le refuge du roi des démons
Dans la chaîne du Vindhya vivait un ermite nommé Puran. Du fait de sa rigoureuse pénitence il était réincarné comme le roi des démons, Chamarendra. Ce dernier avait un ego enflé, du fait de ses pouvoirs naturels et de ses capacités miraculeuses. Lorsque, par sa perception démoniaque, il arriva à savoir que le roi des dieux, Shakrendra, avait plus de gloire et de richesses, son ego fut blessé. Il décida de l’assujetir. Il se prépara à attaquer la demeure de Shakrendra, le Saudharma Viman, avec son arsenal démoniaque. Mais, au cas où il lui faidrait faire face à une défaite, il désira l’aide de quelqu’un de plus fort que lui. En cherchant, il trouva que le shramane Mahavir était la personne qui convenait le mieux.
Immédiatement, il courut à Sumsumarpur où Mahavira était en méditation. Après s’être incliné devant lui, il lui dit : « Bhante ! Moi, roi des démons, Chamarendra, je vais me battre avec Saudharmendra Shakra. S’il vous plaît, protégez-moi ! ». Ayant dit cela, sans attendre la réponse, il courut à l’assemblée des dieux et provoqua leur roi. Un moment Shakrendra fut déconcerté, mais lorsqu’il vit que c’était le roi des démons Chamarendra, il sortit calmement son arme la plus puissante, le Vajra, et la lança sur lui.
Alors que le Vajra allait vite en direction de Chamarendra, il émit de brillantes étincelles et un son du tonnerre. Effrayé par cette arme redouable, Chamarendra s’enfuit en direction de l’arbre sous lequel Mahavir était en méditation. Lorsque Shakrendra réalisa où Chamarendra se dirigeait, il fut inquiet des dommages que le Vajra pouvait causer à Mahavir. Aussitôt, il courut après Chamarendra qui fuyait, pour désamorcer le Vajra. Ce fut une étrange vision dans le ciel ; d’abord, le roi des démons criant de peur, puis le brillant Vajra suivi par le roi des dieux.
Le roi des démons se transforma en un tout petit être et alla se réfugier derrière les pieds de Mahavir. Il cria « Prabhu ! Je suis sous votre protection, avec bonté, protégez-moi ! ». Comme le Vajra était près de le frapper et d’exploser, Indra le prit et le mit hors de combat. Chamarendra tremblait de peur et Shakrendra bouillait de colère. Mahavir leva la paume de sa main ouverte et les bénit tous les deux. Indra dit à Chamarendra « Roi des démons ! Ce que vous avez fait est impardonnable mais, en prenant refuge auprès de Bhagavan Mahavir, vous avez immobilisé mes mains. Comme il vous a pardonné, je vous laisse sain et sauf. Vous pouvez aller ! » Le roi des démons exempt de peur et le roi des dieux exempt de colère, s’inclinèrent devant Bhagavan Mahavir et partirent pour leurs demeures respectives.
La délivrance de Chandana
De la capitale Kaushambi, le roi Shatanik gouvernait l’état de Vats. Sa reine principale Mrigavati était la fille du Maharaj Chetak de la république de Vaishali. L’Anga était l’état voisin et sa capitale Champa. Le roi de cet état était le Maharaj Dadhivahan. Sa reine Dharini était la plus jeune fille de Chetak. Dharini avait une fille nommée Vasumati qui était très belle et très gracieuse.
Une fois que le roi Dadhivahan était parti avec son armée porter assistance à un roi voisin, le roi Shatanik attaqua Champa. Les soldats cruels de Kaushambi pillièrent Champa. Le général et le grand conducteur de char de Kaushambi, Kakmukh, fut attiré plus par la beauté que par les richesses. Il entra au palais et kidnappala la reine Dharini et Vasumati. Lorsque Kakmukh tenta de violer sa chasteté, le reine Dharini se suicida. Comme Vasumati menaçait de faire de même, il changea d’idée. Il la prit chez lui comme sa fille. Sa femme ne tolérant pas Vasumati, il fut persuadé par cette dernière de la vendre aux enchères au marché aux esclaves. Le procédé plut à sa femme.
Kakmukh amena donc Vasumati au marché aux esclaves. Dans les enchères, le plus offrant fut une courtisane de Kaushambi. Il y eut une altercation quand Vasumati refusa d’aller avec elle.
Juste à ce moment-là, un riche marchand de Kaushambi arriva. Voyant l’agitation, il demanda « Que se passe t’il ? »
Quelqu’un dans la foule dit « Aujourd’hui, une jeune esclave, enlevée à Champa, a été vendue au prix de cent mille pièces d’or. Elle ressemble à une beauté divine. Une courtisane l’a achetée, mais elle refuse d’aller avec elle. Elle paraît être chaste et bien née ».
Immédiatement, le marchand entra dans le marché aux esclaves. Il regarda la princesse et aussitôt fut amené à analyser la situation « Non, dit-il, ce ne peut pas être une esclave. C’est une divine personne. Oh ! Seigneur ! Comme les situations qui courent sont devenues mauvaises ! Une telle torture inhumaine à une jeune fille si délicate et si cultivée ? Une belle fille dans un telle situation pitoyable ? ». Le marchand fut ému. Il approcha de Vasumati et dit « Mon enfant ! Je suis le marchand Dhanavah. Je suis un disciple des shramanes nirgranths et je vis dans cette ville. En voyant votre trouble, je me sens déprimé. Si vous ne souhaitez pas aller avec la courtisane je ne permettrai pas que cela arrive. Je vous achèterai en payant cent mille pièces d’or. Voulez-vous venir avec moi ? Voulez-vous vivre avec moi, comme ma fille ? ».
La princesse orpheline, vendue comme une esclave, arriva à la maison du marchand Dhanavah. Mais sa femme, Mula, eut un doute lorsqu’elle vit la jeune fille divinement belle entrer dans la maison. Au moment où Mula jeta les yeux sur Vasumati, elle vit en elle une rivale pour les faveurs de son époux. Les graines du doute étaient semées concernant même l’honnêteté de son époux.
Du fait de sa douce attitude, Vasumati eut une influence magique sur le ménage. Le parfum de sa prestance et la douceur de sa nature inspirèrent à Dhanavah de l’appeler Chandan ( bois de santal). Sa femme Mula fut prise d’envie. Elle pensa que cette fleur empoisonnée devait être étouffée dans le bouton.
Un jour, le marchand Dhanavah quitta la ville pour faire quelques courses dans son travail. C’était une occasion en or pour Mula. Elle affranchit toutes les servantes du foyer, appella Chandana, remplaça sa belle robe par des guenilles, prit tous ses bijoux, lui mit des fers et rasa sa longue chevelure soyeuse. Chandana dit, surprise « Mère ! Que faites-vous là ? Je ne vous ai fait aucun mal. Pour quelle faute me punissez-vous ? ».
Mula fit taire Chandana, l’a mit dans une cave sombre, ferma à clef et partit.
Dhanavaha retourna le troisième jour chez lui. Lorsqu’il vit la maison abandonnée, il fut déconcerté. Il appella « Chandana ! Oh ! Chandana ! » Mais personne ne répondit. Il alla derrière la maison et appela une fois encore. Chandana cria « Père ! Je suis là, dans la cave sur l’arrière ! ».
Le marchand rentra et vit la cave fermée à clef. En regardant à travers les barres de la porte en fer, il vit Chandana dans sa condition misérable et commença à crier « Qu’est’il arrivé à ma fille ? Quel mauvais esprit vous a fait cela ? ». Chandana répondit calmement « Père ! Faites-moi sortir d’abord et puis je vous raconterai tout ».
Le marchand brisa la serrure et fit sortir Chandana. Elle demanda « Père ! Je n’ai pas même pris une goutte d’eau depuis trois jours. S’il vous plaît, donnez-moi quelque chose à manger et à boire ! » Le marchand fit le tour de la maison, mais tout était fermé. Pas même un ustensile accessible. Il vit un panier contenant une poignée de son sec pour les vaches. Il prit le panier et le mit devant Chandana « Mon enfant ! Mangez un peu de cela. Je vais appeler un forgeron pour couper vos fers ! ».
La résolution impossible
C’était la douzième année des pratiques spirituelles de Bhagavan Mahavir. Passant l’arrêt des errances durant la mousson à Vaishali, il alla dans un jardin à Kaushambi. C’était au moment des incidents de l’attaque de Shatanik à Champa, de la prise de Champa, du sacrifice de la reine Dharini, de la vente aux enchères de la princesse Vasumati comme esclave, etc. Bhagavan Mahavir eut, avec sa connaissance et sa perception pénétrantes, un aperçu de tout cela. Il prit une résolution presque impossible, le premier jour de la moitié sombre du mois de « paush » (décembre/ janvier).
« Je n’accepterai des aumônes pour rompre mon jeûne que d’une princesse qui est devenue une esclave et si elle a aussi la tête rasée, les membres enchaînés, si elle n’a pas mangé depuis trois jours, si elle est assise sur le pas d’une maison, si elle a du son dans un panier et un sourire avec des larmes dans les yeux. ! A moins que ces conditions soient remplies, je prends la résolution de continuer ma pratique et de ne pas rompre mon jeûne ».
Quatre mois étaient passés depuis que Bhagavan Mahavir avait commencé à aller de porte à porte mendier dans la ville de Kaushambi.
Un jour, il approchait de la maison du Ministre en chef de Kaushambi, Sugupta. La femme de Sugupta, Nanda, était une dévote de Bhagavan Prashvanath et au courant des pratiques des ascètes shramanes. Voyant le mahashramane Vardhaman apporcher de la maison pour des aumônes, elle fut fascinée. Elle demanda à Prabhu d’accepter la nourriture pure et ascétique. Mahavir fit demi-tour, sans rien accepter. Nanda fut déçue. Maudissant sa malchance, elle dit « Mahashramane Vardhaman est venu à ma maison et, qu’elle malchance, je n’ai rien pu lui donner ».
Les domestiques de Nanda la rassurèrent « Madame, pourquoi êtes-vous si découragée ? Cet ascète s’est approché de presque toutes les maisons de Kaushambi pour des aumônes et, sans prendre un simple grain ou dire un mot, il est reparti. Nous avons été les témoins de tout cela pendant les derniers quatre mois. Ce n’est pas un fait unique, aussi pourquoi être consternée ? ».
Les paroles de la domestique ajoutèrent à la détresse de Nanda « Quoi ! Le mahashramane est resté sans aumônes durant les quatre derniers mois et je n’ai pas été capable de le servir ? Comme je n’ai pas de chance ! ».
A ce moment, le ministre Sugupta arriva. Nanda lui raconta tout.
Sugupta devint aussi inquiet. Le roi Shatanik et la reine Mrigavati apprirent également que le shramane Mahavir errait dans Kaushambi, sans nourriture et sans eau, depuis quatre mois. Tout le monde était triste et soucieux La famille régnante alla trouver Bhagavan Mahavir et lui demanda d’accepter de se nourrir. Mais il était inébranlable.
Cinq mois et vingt-cinq jours étaient passés depuis que Bhagavan Mahavir n’avait rien mangé. Le vingt-sixième jour du sixième mois commençait. C’était l’après midi, quand Prabhu Vardhaman errant pour chercher des aumônes s’approcha de la maison du marchand Dhanavah. Une foule dans l’expectative le suivait.
Chandana était assise sur le seuil de la cave, un pied dedans et l’autre dehors. Dans sa main, il y avait un panier et dans le panier du son. Lorsqu’elle regarda les fers à ses membres, un rêve coupé émergea dans sa mémoire, et elle devint perdue. Tout à coup, elle entendit un bruit de pas qui approchaient et un murmure de la foule. Elle leva les yeux et vit que le grand sauveur, le sharamane Mahavir, était debout à sa porte. Candana fut fascinée. Elle pensa « Merci, Seigneur ! Vous êtes venu vous-même pour me sortir de cette pitoyable condition ». Un rayon de bonheur se leva sur son visage. Elle oublia toute sa misère, sa peine se changea en joie, comme si toutes les cellules dans son corps dansaient. Elle essaya de se lever « Bienvenue ! Oh Seigneur ! Je vous en prie, acceptez quelque chose de ces mains misérables ». Prabhu fit un pas en avant et s’arrêta. Douze des treize conditions étaient visibles, mais Chandana n’avait pas de larmes dans ses yeux. Mahavir se tourna et commença à s’en aller.
Aussitôt que Mahavir se tourna, le joie de Chnadana s’évanouit quasiment frappée par un éclair. « Comme je suis malheureuse que, même dans cette misérable condition, Prabhu soit parti les mains vides de ma porte ! » Remplie de pitié d’elle, elle commença à pleurer.
Mahavir se retourna et regarda. Toutes les conditions de sa résolution étaient visibles maintenant. Il avança et étendit ses paumes de mains ouvertes devant Chandana. Celle-ci, joyeuse, prit le contenu du panier et le mit dans les paumes tendues de Bhagavan Mahavir. Mahavir rompit son jeûne.
Le moment qui suivit, les fers de Chandana se brisèrent en morceaux. Des tambours divins sonnèrent dans le ciel. Des applaudissement divins se répétèrent en écho dans toutes les directions. « Salut au don d’aumônes ! ». Des fleurs, de l’eau odorante et des parfums tombèrent en pluie du ciel et la cour de Dhanvah fut remplie de tas de pierres précieuses. Sa beauté fut magnifiée mille fois. Les dieux et les déesses parèrent Chandana de beaux vêtements et de splendides ornements.
Cette résolution de la période de pénitence de Bhagavan Mahavir peut être jugée comme le premier pas de l’effort humain pour la libération des femmes.
Dernière calamité : les pointes dans les oreilles
Après avoir passé le douzième arrêt durant la mousson de sa période de pratiques à Champa, Bhagavan Mahavir arriva aux abords d’un village nommé Chhammani, et il se mit à méditer. C’était la nuit tombante. Un vacher qui retournait à sa ferme dit « Ascète ! S’il vous plaît ! Surveillez mes bœufs, je vais revenir dans peu de temps » et il partit.
Le vacher alla dans le village et retourna un peu plus tard. Les bœufs étaient partis à la dérive du pâturage. Ne les trouvant pas, le vacher demanda « Ascète ! Où sont mes bœufs ? »
Mahavir était dans une profonde méditation et ignorant de cela. Le vacher demanda encore et encore, mais ne reçut aucune réponse. Il fut irrité et cria « Vous hypocrite ! Etes-vous sourd ? N’entendez-vous rien ? ».
Mahavir ne répondit toujours pas. Le vacher perdit patience « Vous, simulateur, il semble que vos deux oreilles sont inutiles. Attendez une minute ! Je vais vous donner un traitement qui convient ». Il prit de longues pointes comme les épines d’un arbrisseau proche d’herbe kansa et il perça profonsément les oreilles de Mahavir en enfonçant les pointes dedans.
Même ce terrible calvaire ne fit pas bouger Mahavir de sa méditation, ni n’éveilla chez lui aucun sentiment de colère ou d’aversion.
Ayant achevé le cours normal de sa méditation, il alla mendier dans le village et arriva à la porte d’un négociant nommé Siddharth. Un ami du négociant était assis avec lui. C’était un docteur. Tous les deux donnèrent de la nourriture pure au mahasharamne avec le respect qui lui était dû.
Le docteur Kharak dit à Siddharth « Ami ! Le visage de ce shramane a un rayonnement divin mais il a aussi une ombre de fatigue. Une certaine souffrance est visible dans ses yeux. Je pense que ce grand sage souffre de quelque angoisse »..
Siddharth répondit « Ami ! Si un tel grand sage souffre de quelque mal, nous drevons imméditament aller le soigner ».
Après avoir reçu l’aumône, le mahashramane s’en alla. Prenant le docteur Kharak avec lui, Siddharth le suivit. Allant dans le jardin où Prabhu était, ils l’appelèrent et ils trouvèrent les épines enfoncées dans ses oreilles. Kharak trembla de remords. Les amis s’arrangèrent pour touver les instruments et les remèdes nécessaires. Il utilisèrent de l’huile médicale, des forceps, et ils ôtèrent les épines. Cela causa une souffrance tellement forte à Mahavir qu’il fut obligé de pousser un cri de douleur. Du sang suinta de ses oreilles. Le docteur appliqua du coagulant.
Les dix grands rêves
Une fois, après une profonde et épuisante pratique spirituelle, Bhagavan Mahavir fut extrêmement fatigué. Son épuisement le fit sommeiller pendant quelques moments durant le dernière heure de la nuit. Il vit alors dix étranges rêves.
Les dix rêves que fit Mahavir et les interprétations d’Utpal sont les suivants :
- Entrain de vaincre un démon Tal (Vous détruirez bientôt le « mohaniya karma » :le karma qui trompe).
- Un oiseau avec des plumes blanches est à proximité (Vous aurez toujours l’attitude et les sentiments les plus purs).
- Un oiseau avec des plumes multicolores est aux alentours (Vous propagerez une connaissance à plusieus facettes, dans les douze Angas « Canons »).
- Deux colliers de pierres précieuses apparaissent en face (Utpal ne put pas comprendre ce rêve. A sa demande, Mahavir le lui expliqua… Je prêcherai la religion à deux voies… la conduite des ascètes et la conduite des laïcs).
- Un troupeau de vaches blanches est en face (La quadruple organisation : shramane, shramani, shravak, shravaki, vous servira).
- Un lac avec des lotus ouverts (Les dieux des quatres sortes vous serviront).
- Un océan cireux traversé en nageant (Vous traverserez l’océan des renaissances).
- Des rayons du soleil dans toutes les directions (Bientôt vous aurez l’illumination ou l’omniscience).
- Vous encerclez la montagne Manushottar avec vos intestins bleuâtres (Vous vous répandrez dans l’univers avec votre gloire pure).
- Vous êtes assis sur un trône placé au sommet du Mont Meru ( Vous ferez un discours religieux assis sur un haut trône).
L’ ACHARYA KEWALI
La lumière de l’omniscience
En observant les détails de la période de douze ans de pratiques spirituelles de Bhagavan Mahavir, il est évident que celles-ci combinaient quatre qualités : 1. Une méditation profonde que rien ne vient troubler, 2. Une pénitence rigoureuse, 3. Une tolérance extrême de la souffrance. 4. Une suprême équanimité.
C’était le dixième jour de la moitié brillante du mois de Vaishakh (Avril/ Mai). Douze ans cinq mois et quinze jours étaient passés, depuis le commencement des pratiques spirituelles de Mahavir. Il était en méditation sous un arbre saal, dans un jardin, sur le bord de la rivière Rijubaluka. Assis sur ses deux pieds avec les genoux touchant sa poitrine, il éprouvait du calme, même dans le soleil brûlant de l’été. Concentrant toutes ses énergies physique, mentale et spirituelle, il était occupé à une profonde et pure méditation. Graduellement, le soleil se coucha à l’ouest et, dans l’âme de Bhagavan Mahavir, le soleil de l’omniscience se leva. Dès que les nuages sombres des quatre karmas qui asservissent profondément se dispersèrent, le soleil tout lumineux de l’omniscience apparut. Le monde physique était enveloppé dans l’obscurité de la nuit, mais le monde spirituel fut rempli des rayons infinis de la connaissance. L’effort avait atteint le sommet du succès et était parvenu au but. Mahavir était devenu Bhagavan (Dieu), Jina (vainqueur), Sarvajna (connaissant tout) et Sarvadarshi (percevant tout). Dès qu’il fut devenu omniscient, une lumière apaisante se répandit dans les trois mondes, pendant quelques secondes. Le monde vivant se remplit d’un étrange sentiment de bonheur, inconnu jusque là.
Le premier discours
Après une longue période de douze années et demi de pratiques spirituelles extrêmes, le shramane Mahavir acquit la perception infinie (kewal darshan) et la connaissance infinie (kewal jnan ou omniscience). Pour saluer et féliciter le premier rayon du divin soleil de la connaissance infinie de Mahavir, d’innombrables dieux et déesses vinrent des cieux sur la terre. Faisant le vandana à Prabhu Mahavir, ils célébrèrent son atteinte suprême (kewalya).
Traditionnellement, un Tirthankar prêche la religion de l’équanimité (ahimsa) immédiatement après avoir gagné l’omniscience. Pour profiter du premier discours divin de Mahavir, les dieux créérent le divin pavilion (samavasaran) sur les pieuses rives de la Rijubakula. De nombreux dieux furent occupés à écouter son discours.
Les dieux peuvent admirer et vanter la vérité, la discipline et les vertus, mais ils ne peuvent pas faire de pratiques spirituelles, telles que des vœux. Seul, l’homme est capable de suivre la discipline des pratiques spirituelles. Comme tel, il est dit qu’en l’absence d’un être humain le premier discours de Bhagavan Mahavir a été un échec, dans le contexte des gains spirituels, car aucun des présents ne fit de vœu.
Des rives de la Rijubaluka, Mahavir alla à Madhyam Pava. Un divin pavilion fut créé dans la jungle Mahasen.
Durant la mois de Vaishak (Avril/Mai), Som Shrama avait organisé un grand sacrifice (yajna). Onze grand érudits célèbres, avec leurs 4400 disciples, étaient venus pour participer au yajna. Des milliers de gens arrivaient, de près ou de loin, pour contempler les pieuses flammes de ce yajna. Ainsi, Madhyam Pava était devenu un lieu de pèlerinage.
En entendant la soudaine arrivée de Bhagavan Mahavir, le Pandit Som Sharma devint irrité et dérangé par l’attitude anti-yajna de la culture shramane. Il alla voir le principal guide du yajna, le mahapandit Indrabhuti. Ils conversèrent tous deux mais furent à cours d’idées. Finalement, Indrabhuti dit « Le shramane Vardhaman est assurèment une personne à considérer. Il a le pouvoir de la pratique spirituelle et le feu de la pénitence mais, en matière de connaissance, il prouvera qu’il n’est pas notre égal. Avec notre pouvoir de connaissance incomparable nous serons capables de le vaincre aussitôt, et de maîtriser dans le temps un adversaire qui monte. Nous n’avons pas besoin de nous inquiéter. Il est probable que ce pieux jour sera celui de notre victoire absolue ».
Cet espoir donna de l’assurance au mahapandit Indrabhuti et rendit heureux les autres érudits. Som Sharma commença à rêver de la victoire de l’organisation du sacrifice bhramanique. Indrabhuti, avec ces 500 disciples, alla se confronter à Mahavir.
Indrabhuti et le Soi
L’esprit d’Indrabhuti eut un choc, au moment où il fit le premier pas dans le divin pavilion. Il devint agité. De loin, il vit l’étonnant rayonnement sur le visage du shramane Mahavir. Lorsque les puissants rayons du soleil tombent sur les flancs glacés de l’Himalaya, la glace commence à fondre. De même, l’ego d’Indrabhuti commença à fondre. Il sentit comme si des flots de doute et d’incertitude avaient commencé à émerger et à couler.
« Indrabhuti Gautam ! Vous êtes arrivé ? ».
La voix à la résonnance profonde de Prabhu Mahavir tomba aux oreilles d’Indrabhuti, au moment où il passait la troisième porte de l’assemblée. « Mahavir me reconnaît ? » Indrabhuti était étonné. Il pensa : « Naturellement, il doit avoir entendu parler de moi, le fameux savant mondial ! ».
« Indrabhuti Gautam, bien que vous soyez un grand savant sur les Vedas, vous doutez encore de l’existence de l’ âme ». Lorsque ces paroles de la voix imposante de Mahavir retentirent aux oreilles d’Indrabhuti, il fut abasourdi.
Prabu dit doucement sur un ton amical :« Indrabhuti Gautam, vous doutez quant à savoir si l’âme est basée sur votre connaissance des Vedas. Mais, les mêmes Vedas contiennent une preuve indéniable de l’existence indépendante de l’âme. Avez-vous pensé quelquefois à ce qu’est une âme ? Qui elle est et que celui qui a cette connaissance est le facteur cognitif de l’âme. L’âme est une entité qui est sans forme et au-delà du royaume des sens, elle ne peut pas être perçue par ceux-ci mais par l’expérience intuitive directe ».
Entendant les aphorismes Védiques et la logique irréfutable de Mahavir sur l’existence de l’âme, les doutes d’Indrabhuti furent ôtés. Son ego fondit. Avec l’éveil de l’humilité, le divin rayon de la vérité devint visible. L’obscurité, à l’intérieur de Gautam, fut dissipée. Avec un respect et une curiosité débordante, Gautam tomba aux pieds de Prabhu Mahavir.
« Prabhu ! Je venais avec le désir d’être victorieux, mais maintenant je ne suis qu’un chercheur de connaissance. S’il vous plait ! Accordez-moi l’infinie connaissance de la vérité. Je veux devenir votre disciple et m’asseoir à vos pieds divins ».
« Vous êtes le bienvenu, Oh ! Aimé des dieux ! » dit Mahavir. Indrabhuti Gautam devint son premier disciple. Ses cinq cents disciples à lui furent aussi initiés dans l’ordre par Mahavir. Le ciel retentit des sons de salutations.
La nouvelle de l’initiation de Gautam apporta une ombre douce de mélancolie sur le site du yajna, où les érudits attendaient. Mais le second grand érudit, Agnibhuti, redonna courage et dit « Je vais aller ramener mon frère, en assurant la défaite de Mahavir ».
Agnibhuti arriva à la religieuse assemblée, avec aussi ses cinq cents disciples. Dès qu’il fut entré dans la pavilion et qu’il eut approché Mahavir, ce dernier lui dit « Agnibhuti, votre aîné a ses toiles d’araignée de doute évacuées, il est désormais devenu non équivoque. Maintenant, vous devez aussi ôter votre dilemme sur les fruits du karma. Comme l’existence de l’âme est auto-évidente, il est aussi prouvé que c’est l’âme qui est l’auteur du karma (action) et que c’est elle qui en supporte les conséquences ( les fruits) ».
Au moment où son doute fut ôté, le carcan des dogmes se brisa. Avec la disparition de son ego, un flot de foi se mit à couler dans Agnibhuti. Il se rendit devant l’omniscience du shramane Mahavir, avec ses 500 disciples.
Le plus jeune frère d’Indrabhuti, Vayabhuti, décida aussi d’essayer sa chance avec ses 500 disciples. Comme une personne qui a soif s’arrête à une source d’eau claire, Vayabhuti resta avec Mahavir et, avec ses 500 disciples, il rejoignit son ordre.
De grands érudits comme Vyakta et l’Arya Sudharma vinrent aussi et ôtant leurs doutes devinrent des disciples de Mahavir, avec chacun 500 disciples. De même, Mauryaputra et Akampit, avec leurs 350 disciples chacun ; Achalbhrata, Metarya et Prabhas, avec chacun 300 disciples, furent initiés dans l’ordre de Mahavir.
Ainsi, onze grands érudits, avec leurs 4400 disciples, furent admis dans l’ordre de Mahavir durant son premier discours.
L’établissement du gué
Le onzième jour de la moitié brillante du mois de « vaishakh » (avril/mai) est considéré comme la date de la gloire historique de la tradition Jaïne. Le dixième jour du même mois, Bhagavan Mahavir avait atteint l’omniscience, aussi ce jour est important comme l’événement de son triomphe personnel. Mais, du point de vue de l’établissement de l’organisation religieuse (tirth/gué) le onzième est le plus important. Ce fut ce jour-là que les onze grands savants bhramanes se dépouillèrent de leur ego de supériorité du fait de leurs naissances et de leurs idées fausses, et qu’ils furent initiés dans le tradition shramane fondée sur l’équanimité et l’ahimsa. Ils devinrent les chefs disciples ou Ganadhars de Mahavir. Dans le Jaïnisme, le Ganadhar est la personne spirituelle la plus vénérée, après le Tirthankar. Des milliers d’autres hommes et d’autres femmes furent aussi convertis, dont beaucoup devinrent des ascètes et d’autres firent les vœux des laïcs.
La Princesse Chandanbala, qui avait satisfait la résolution complexe de Bhagavan Mahavir, attendait aussi son jour favorable.Dès qu’elle fut informée de la nouvelle de l’omniscience de Mahavir, elle fut remplie de joie. Elle rejoignit le pavilion divin par les moyens les plus rapides, acompagnée par beaucoup de femmes respectables. Après avoir entendu le discours, elle devint la première femme ascète disciple de Mahavir.
Shankh et Shatak et de nombreux citoyens riches et influents, rejoignirent l’ordre de Mahavir comme disciples laïques. Sulasa et de nombreuses autres femmes rejoignirent aussi sa famille religieuse. Ainsi, la région de la jungle de Mahasen, dans le Madhyam Pava, et le onzième jour de la moitié brillante du mois de «vaishakh », devinrent respectivement la région bénie et le jour béni.
Les hauts faits
La période de douze ans des pratiques spirituelles de Bhagavan Mahavir fut à la base de sa réalisation personnelle de l’omniscience et du statut d’Arihant/Tirthankar. Après son illumination, les trente années restantes de sa vie furent consacrées au bien-être du monde vivant. Durant cette période, il révolutionna la pensée humaine et il fracassa les idées fausses et le cours des dogmes traditionnels. Ses actions et ses réalisations, sur les plans du bien-être et de l’élévation de l’humanité, de même que sa contribution à la masse de la connaissance humaine, peuvent être brèvement résumées comme suit :
- Il s’opposa à la légèreté humaine et aux sacrifices d’aniamux, ainsi qu’aux faux rites au nom des yajnas religieux pour des bénéfices dans la vie future. Comme alternative plus humaine et plus rationnelle il montra le voie de l’ahimsa ( de la non-violence).
- Il mit fin à la tradition établie de priver les femmes en général, et les hommes des basses castes, de l’étude des écritures et de la possibilité d’exercer de nombreuses activités religieuses. Il fut assez hardi pour faire entrer les personnes de cette partie de la société dans son ordre religieux, il permit des droits égaux et des possibilités égales pour tous d’étudier et de pratiquer la religion. Il supprima avec succès le système des castes dans son rayon d’influence, au niveau social et spirituel.
- Du fait de son influence, les normes établies du statut social basé sur la caste, la fortune, le pouvoir et la grandeur furent abolies et de nouvelles normes de statut social, basé sur les vertus et les valeurs morales et éthiques, furent établies.
- Il utilisa l’ardha-magadhi, la langua-franca de cette période, pour ses discours. Donnant de l’importance à la culture populaire et à la langue parlée par les masses, à l’inverse du sanskrit, la langue d’un petit nombre d’érudits et de la classe supérieure, il prêcha dans un style éloquent et attrayant.
- Pour les ascètes de son école poursuivant la voie du détachement à l’aide de la discipline, de la pénitence, de chant et de la méditation, il prescrivit aussi l’exercice régulier d’activités de bien-être social. Son ordre comprit des personnes de toutes les sections de la société : Indrabhuti Gautam et de nombreux autres de la caste brahmane, Shalibhadra, Dhanna et de nombreux autres de la caste vaishya, Megh Kumar, Nandishen, etc. de la caste kshatriya, et Maitarya, Arjumali, etc. de la caste shudra. Parmi les femmes célèbres de son ordre : Chandanabala, Mrigavati, Kali, etc. étaient des membres de familles dirigeantes, Subhadra, Revati, etc. de la classe des marchands.
- Les shravakas (maîtres de maisons) dans son organisation comprenaient des gens de tous les milieux dans la vie. Udayi, Shrenik, Ajatshatru, etc. étaient des rois, Anand était un fermier, Saddalputra un potier et Sulas un boucher.
- L’organisation religieuse de Mahavir a été fondée sur des vertus, comme le détachement, l’équanimité, la connaissance et la discipline.
- Les contributions originales de Mahavir ont été la non-violence (ahimsa) comme base de conduite et la relativité de la pensée (anekant) comme base de la pureté spirituelle et de l’équanimité.
- De même que Mahavir eut des millions d’admiratuers et de disciples, il eut aussi des opposants, comme Gaushalak et des détracteurs comme Jamali. Pendant 5 ou 6 ans Jamali se déplaça avec Mahavira comme étant son disciple, mais plus tard, dirigé par l’ambition et la recherche de popularité il devint un opposant. Il se prétendit lui-même un omniscient et un Tirthankar. Le sentiment d’envie brûlant en lui le fit attaquer Mahavir et essayer de le brûler. Mais, les grands pouvoirs pacificateurs d’un vrai Tirthankar le défirent. Plein de compassion, Mahavir lui pardonna et lui demanda d’œuvrer à la pureté de son âme.
La libération
A la demande du roi Hastipal, Mahavir passa son dernier séjour durant la mousson à Pavapuri (Apapapuri), à l ‘âge de 72 ans. Après trois ou quatre mois, il devint conscient que la fin de sa vie approchait. Le Ganadhar Gautam était toujours étroitement attaché à lui. Il ne pouvait complètement supprimer la tristesse de sa séparation. Pensant à cela, Mahavir lui demanda d’aller éclairer le bhramane Som Sharma.
Le quinzième jour de la moitié sombre du mois de « kartik » (octobre/novembre), Mahavir était entrain d’observer un jeûne de deux jours. Assis dans le samavasaran, il donna son dernier discours qui devint célèbre sous les noms de « Uttaradhyayan Sutra », « Vipak Sutra », etc .
Juste avant minuit, il effaça tous ses karmas restants et atteignit le nirvana. Pendant un court moment, le monde entier fut plongé dans l’obscurité.
Les dieux dispersèrent l’obscurité à l’aide de pierres précieuses et les êtres humains allumèrent des lampes en terre pour avoir la dernière vision de leur sauveur. En mémoire de ce jour, les gens célèbrent la fête des lampes ou Dipawali.
Apprenant le nirvana de Bhagavan Mahavir, le Ganadhar Gautam devint triste et mélancolique. Mais, vite il en sortit et il progressa sur la voie de la pureté, avec l’aide du détachement extrême. Franchissant les niveaux de pureté spirituelle, il acquit l’omniscience, le matin suivant.
Les dieux et les êtres humains célèbrèrent ensemble les atteintes du nirvana par Mahavira et de l’omniscience par le Ganadhar Gautam.
Après le nirvana de Mahavir, la responsabilité de la direction du vaste ordre religieux revint à son quatrième chef-disciple l’Arya Sudharmaswami.
Après l’Arya Sudharmaswami, l’ordre fut dirigé par son disciple l’Arya Jambuswami Après le niravana de l’Arya Jambuswami (406 avant Vikram) la tradition des omniscients s’éteignit en Inde (Bharat) pour ce cycle de temps de déclin.
Les dates importantes de la vie de Bhagavan Mahavir
La naissance : le 13 ème jour de la moitié brillante du mois de « chaitra » (mars/avril), en 542 BV ( le 30 mars de l’an 599 avant notre ère) à Kshatriakund.
L’initiation (diksha) : le 10 ème jour de la motié sombre du mois de « margshirsh » (novembre/ décembre), en 512 BV ( 569 avant notre ère) à Kshatriyakund.
L’omniscience (kewal Jnan) le 10 ème jour de la motié brillante du mois de « vaishakh » (avril/ mai), en 500 BV ( 557 avant notre ère) sur le bord de la rivière Rijubalika.
L établisement de l’ordre : le 11 ème jour de la moitié brillante du mois de « vaishakh » (avril/ mai), en 500 BV (557 avant notre ère), à Madhyam Pava.
La libération (nirvana) : le 15 ème jour de la moitié sombre du mois de « kartik » (octobre/novembre), en 470 BV ( Novembre 527 avant notre ère), à Pavapuri.
Le mot « nath » : une étude
Une idée fausse prévaut que le suffixe « nath », ajouté au nom de nombreux Tirthankars, a été donné sous l’influence de la secte « Nath » des Yogis. Cela est sans fondement, car le fondateur de la secte « Nath », Matsyendranth, vivait au IXème siècle de notre ère. Le suffixe « nath » figure dans des œuvres Jaïnes beaucoup plus anciennes, comme le « Bhagavati Sutra » et l’ « Avashyak Sutra ». Le Yati Vrishabhacharya a aussi empoyé ce suffixe dans ses « Tiloyana Pannats » (400 après JC). Aussi, il semble que c’est Matsyendra, influencé par la popularité de Neminath et de Parshvanath, qui a commencé à employer ce suffixe.