unya et papa – La vertu et le vice
Chapitre 4
Unya et papa – La vertu et le vice
145. Sachez que le karma qui provoque la conduite fausse est mauvais et que celui qui provoque la conduite juste est bon. Comment peut être cette conduite juste qui pousse le jiva dans le cycle des naissances et des morts ?
146. Un lien en or est aussi bon qu’un lien en fer, pour enchaîner un homme. De même, le karma, qu’il soit bon ou mauvais, asservit également le jiva.
147. Par conséquent, n’ayez pas d’attachement ou d’association avec les karmas indésirables, qu’ils soient bons ou mauvais ; par l’attachement ou l’association aux karmas indésirables la destruction sera inévitable.
148 et 149. De même qu’une personne connaissant certains individus ayant un mauvais caractère abandonne leur association ou leur attachement, de même, ceux qui désirent réaliser le Soi pur, sachant que la nature et le caractère des prakriatis karmiques sont mauvais, évitent l’approche des particules karmiques (samvara) et extirpent celles existant déjà (nirjara).
150. Le Soi avec de l’attachement devient asservi par les karmas, mais celui avec du détachement reste exempt des karmas. C’est ce qu’a déclaré le Jina. Par conséquent, évitez l’attraction des karmas.
151. En vérité, le Réel suprême, le Soi Pur, l’Omniscient, le Seigneur et le Connaisseur (tous signifient le Paramatma). Ainsi, en fixant leur méditation sur le Soi Pur, les Rishis (les Sages) atteignent le nirvana.
152. Si l’on fait des austérités (tapas) ou si l’on observe des voux (vratas) sans fixer sa méditation sur le Soi Suprême, celui qui connaît tout appelle cela l’austérité puérile (balatapa) et le vou puéril (balavrata).
153. Ceux qui sont en dehors de la présence du Paramattha ou du Soi Suprême, même s’ils observent des voux, des contrôles sévères, des règles de conduite, et s’ils pratiquent des austérités, sont dépourvus de connaissance juste.
154. Ceux qui sont en dehors de la présence du Paramattha ou du Soi Suprême, par leur ignorance, ne sachant pas que la vertu conduit au samsara, désirent la même chose avec la croyance qu’elle les conduira au moksha.
155. La croyance dans les padarthas, tels que l’âme, etc. c’est la foi juste, la connaissance de leur vraie nature c’est la connaissance juste, le déracinement de l’attachement, etc. c’est la conduite juste. Ensemble, elles constituent la voie du moksha.
156. Puisqu’il est déclaré que le destruction des karmas n’est possible qu’aux yatis qui adoptent le point de vue absolu, les sages ne suivront pas la voie pratique (vyavharamarga), laissant de côté la voie absolue (nishcaya- marga).
157. De même que la blancheur d’une étoffe est détruite en étant couverte par de la boue, de même on doit savoir que la foi juste est détruite par la foi fausse.
158. De même que la blancheur d’une étoffe est détruite en étant couverte par de la boue, de même on doit savoir que la connaissance juste est détruite lorsqu’elle est voilée par l’ignorance.
159. De même que la blancheur d’une étoffe est détruite en étant couverte par de la boue, de même on doit savoir que la conduite juste devient altérée quand elle est viciée par les passions qui souillent l’âme.
160. Le Soi qui, par nature, connaît et perçoit tout, lorsqu’il est souillé par ses propres karmas est entraîné vers le samsara, le cycle des naissances et des morts, et devient incapable de connaître toutes choses complètement.
161. Il est déclaré par le Jina que le mithyatva karma est opposé à la foi juste ; quand il commence à agir, le Soi devient un mauvais croyant ; aussi que cela soit connu !
162. Il est déclaré par le Jina que l’ignorance est opposée à la connaissance juste ; quand elle commence à agir, le Soi devient ajñani (dénué de connaissance) ; aussi que cela soit connu !
163. Il est déclaré par le Jina que les grandes émotions qui souillent le corps (kashayas) sont opposées à la conduite juste ; quand elles commencent à agir, le Soi devient dépourvu de conduite juste (acaritra) ; aussi que cela soit connu !
164. Les karmas dans le Soi empirique, tels que la croyance fausse, l’indiscipline, la grande émotion qui souille l’âme et la structure psycho-physique, avec leurs différentes sous-catégories, sont principalement de deux sortes : matériels (acetana ou dravya karmas) et psychiques (cetana ou bhava karmas). Les modifications karmiques psychiques sont inséparables du Soi.
165. Les modifications psychiques impures causent les karmas matériels, tels que le jñanavaraniya (qui obscurcit la connaissance), etc. Le Soi empirique, avec les caractéristiques de l’attachement et de l’aversion, est la cause de ces modifications psychiques karmiques.
166. Comme celui qui croit de façon juste bloque l’influence de l’afflux des karmas, il n’y a pas, chez lui, d’entrée des karmas, ni d’asservissement consécutif, par eux. Ainsi, restant exempt de nouvel asservissement karmique, il comprend que les karmas précédemment attachés sont différents du Soi.
167. Les états psychiques associés au désir, etc., qui sont les modifications du jiva, sont la cause de l’asservissement ; mais, quand il est complètement exempt de désir, etc. l’état psychique est de la nature de la connaissance pure, qui vraiment est la cause de la destruction des karmas.
168. De même qu’un fruit mûr tombé (d’un arbre) ne peut pas être de nouveau attaché à la tige, de même, lorsque les modifications karmiques psychiques du Soi se détachent, elles ne peuvent jamais plus asservir de nouveau le Soi, ni opérer.
169. Dans le Soi avec la connaissance juste, les vieux karmas restent incorporés seulement au corps karmique, comme une motte de terre sans aucun effet sur le Soi.
170 et 171. Les quatre états karmiques primaires, avec leurs subdivisions diverses, asservissent le Soi à chaque instant, car ils sont déterminés par les qualités impures adéquates de connaissance et de perception. Donc, le Soi avec la connaissance juste n’est pas asservi par eux.
172. Lorsque la qualité cognitive du Soi est à son niveau le plus bas, il est susceptible d’autres modifications étrangères, alternativement bonnes ou mauvaises. C’est pourquoi, dans chaque cas, le Soi est appelé le liant des karmas.
173 et 174. Lorsque la manifestation de la foi juste, de la connaissance juste et de la conduite juste est au plus bas, le Soi, le Connaisseur, est asservi par diverses sortes de (bonnes) matières karmiques. De même que, pour une personne, sa femme-enfant n’est pas apte à lui donner du plaisir, mais lorsqu’elle est devenue mûre, elles est apte à la faire et à attirer son attention, de même, dans le cas de celui qui a la foi juste, tous les états d’asservissement karmique antérieurs, bien que présents, commencent seulement à opérer lorsqu’ils deviennent mûrs et produisent alors les états psychiques correspondants par lesquels ils asservissent le Soi.
175. Dans le cas d’une personne qui a la foi juste, les karmas antérieurement fixés, tels que le jñanavaraniya, restent non efficients aussi longtemps qu’ils sont latents, mais, lorsqu’ils deviennent efficients et opérants, par le canal d’états psychiques, tels que l’attachement, ils asservissent le Soi de sept façons (à l’exclusion du karma de l’âge) ou de huit façons.
176. Dans le cas de celui qui a la foi juste, l’afflux karmique de l’état psychique opposé est absent. Quand il est absent, les conditions karmiques qui restent (puisque elles sont incapables de produire un asservissement conduisant au samsara) sont déclarées non asservissantes. Pour ces raisons, celui qui a la foi juste est dit non-asservissant.
177. Dans le cas de celui qui a la foi juste à un très haut degré ou de type vitaraga, il n’y a pas d’afflux d’états psychiques liés au désir, à l’aversion et à l’illusion. En conséquence, à part l’afflux karmique psychique, les conditions karmiques matérielles ne peuvent pas produire d’asservissement.
178. Les quatre conditions karmiques primaires sont dites être la cause de huit karmas, comme le jñanavaraniya. De ces conditions karmiques, les états psychiques, tels que le désir, etc. sont la cause. Lorsque ces états psychiques sont absents, les conditions matérielles karmiques ne peuvent pas asservir le Soi.
179 et 180. De même que la nourriture mangée par une personne, en association avec la chaleur gastrique (la fonction digestive et assimilatrice), est transformée en diverses sortes de chair, de graisse, de sang, etc. de même aussi, dans le cas du Soi, la précédente condition karmique fixée, (bien que de type matériel uniforme au début), est transformée en différentes modifications karmiques, au moment de l’asservissement. Cela est vrai dans le cas du Soi dépourvu du point de vue pur.